Litige foncier à Garghin : les habitants appellent les autorités au dialogue

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Dans la matinée du samedi 11 mars 2023, les habitants de Garghin, situé dans la commune de Komsilga ont tenu une Assemblée générale pour dire non à ce qu’ils qualifient de forfaiture à leur égard, suite à la sortie de l’Office national de contrôle des aménagements et de constructions (ONC-AC) dénonçant une occupation illégale dans la zone et appelé les autorités au dialogue.

 

La pilule ne semble pas passer pour les habitants de Garghin et environnants, localité située dans la commune de Komsilga suite à la décision de l’Office national de contrôle des aménagements et de constructions (ONC-AC) de démolir les habitations sur la zone occupée illégalement, le mardi 28 février 2023.

Les habitants ont sonné une mobilisation dans la matinée du samedi 11 mars 2023 sur le site litigieux pour dénoncer ce qu’ils qualifient d’abus de pouvoir et ont appelé les autorités au dialogue.

Le porte-parole des habitants, Paul Bénao a exprimé sa désolation face à la procédure engagée par les éléments de l’ONC-AC pour arracher les bornes implantées par les promoteurs immobiliers. « Nous étions à la maison et subitement, nous avons vu des gens accompagnés d’hommes en tenue tenant des kalachnikovs et ces gens écrivaient sur nos murs sans crier garde », a-t-il expliqué.

A l’entendre, ce sont les propriétaires terriens de commun accord avec les promoteurs immobiliers qui ont cédé les lopins de terre pour leur mise en valeur. « Les propriétaires terriens de la localité ont décidé d’octroyer leurs terres aux promoteurs immobiliers. C’est ainsi que nous sommes venus acheter des parcelles pour en faire des habitations. Nous n’avons pas volé. Depuis que nous résidons ici, nous n’avons jamais été contacté par un agent de la SONATUR, nous avons été contacté que par la SONABEL par rapport à l’implantation de leurs bornes. Lorsqu’on parle de l’Etat, ce n’est pas le gouvernement seulement, c’est l’ensemble des Burkinabè. Comment dire à un propriétaire terrien de quitter sur ses terres », a-t-il martelé.

Selon ses proches, faire déguerpir ces milliers d’habitants, c’est détruire une vie, c’est détruire une Nation d’autant plus que dans ce contexte difficile, l’on prône la paix, la cohésion sociale. « Il y a dans gens dans ce quartier qui ont investi plus de 40 millions pour construire des habitations en R+. Comment allez-vous demander à ces personnes de démolir ce qu’elles ont économisé toute leur vie pour construire? », s’est-il inquiété.

Toutefois, il a déploré le manque de communication des autorités compétentes. C’est pourquoi, ils ont lancé un appel au président de la Transition, un homme pétri de paix selon eux, à se pencher sur leur situation afin de trouver une issue favorable au grand bonheur de tous.

Il faut noter que pour un dénouement de la situation, les résidents veulent emprunter la voie du dialogue.

Amadou Ouédraogo, un habitant sonné de démolir sa construction dit être dans une angoisse permanente. « Depuis la sortie des agents de l’ONC-CA, nous sommes dans des angoisses. J’étais au service, et j’ai reçu un appel qu’il y a des gens qui sont venus mettre de la peinture rouge sur ma maison », a-t-il fait savoir. Et d’ajouter: « Quand tu as un logement, tu investis sur ça et qu’on veuille le démolir, ta rentabilité baisse. Actuellement, j’ai des dossiers en cours. Je suis un fonctionnaire de l’Etat, en 2020 j’ai pris un prêt de 10 ans pour acquérir le terrain et commencer à construire. Dieu faisant bien les choses, j’ai été recruté dans un projet, et j’ai contracté un deuxième prêt dans l’optique de terminer mon chantier. Actuellement, mon investissement est estimé à plus de 60 millions. Si un fonctionnaire prive sa famille des besoins pour chercher un logement décent et qu’on veuille le démolir, ce n’est pas intéressant. Si cela arrivait, j’ignore ce que je deviendrai. Nous sommes en train de suivre le dossier de près. Nous sommes angoissés et tourmentés. Nous exhortons les acteurs concernés de trouver un terrain d’entente. A l’issue des discussions, s’il y a des pénalités, je suis disposé à les payer car je suis conscient qu’elles ne valent pas mon investissement ».

Quant à Kéré Hervé, enseignant, il a raconté comment il est devenu propriétaire dans cette zone. «  Je passais un jour et j’ai vu des bornes et des gens construisaient. Je me suis renseigné et on m’a dit qu’il y a une société immobilière qui a eu l’autorisation des propriétaires terriens et ils ont implanté des bornes. Mon premier réflexe, c’était de faire des recherches sur les promoteurs immobiliers qui ont des agréments et notre promoteur en avait. C’est ainsi que j’ai approché les propriétaires terriens. Ils m’ont rassuré qu’il n’y avait aucun souci et le problème se trouve au niveau de la Sonabel concernant leurs bornes. C’est ainsi que j’ai acheté et lorsque j’ai vu que mes voisins construisaient ça m’a motivé et j’ai commencé à construire. La SONATUR n’est jamais venue nous parler de quoi que ce soit », a-t-il déclaré. Et de s’offusquer : « Depuis cinq ans, les gens sont en train de mettre des bornes, en train de construire, si la SONATUR était le vrai propriétaire terrien, elle devait brandir un titre de propriété ou un arrêté de justice qui montre que le terrain l’appartient ».

Kiswendsida Myriam OUÉDRAOGO

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