Les échanges directs entre le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré avec les producteurs, entrant dans le cadre de la 22e édition de la Journée nationale du paysan a eu lieu ce 24 mars 2021 à Manga.
Les rideaux sont tombés sur la 22e édition de la Journée nationale du paysans (JNP) avec les échanges directs entre le président du Faso et les producteurs. Pendant presque 5 heures d’horloge, les 400 délégués venus des 13 régions du pays ont passé en revue toutes les questions qui minent le développement du monde rural. Dès l’entame, les acteurs ont fait le point des recommandations issues des différents ateliers sectoriels ; Agriculture, Elevage, Environnement et Eau et des foras régionaux tenus dans la période du 13 au 16 avril de cette année.
Pour le secteur de l’élevage, il s’agit d’allouer au moins 30% des 10% du budget du secteur Agricole conformément aux engagements de Malabo, de poursuivre les actions de soutien et de relèvement entreprises en 2020, c’est-à-dire la gratuité de la vaccination, l’appui à l’alimentation des animaux, l’octroi de noyaux reproducteurs aux éleveurs et investir davantage dans la protection et la reconstitution du cheptel dans les zones d’accueil des personnes déplacées internes pour améliorer leur conditions de vie et celle des populations hôtes.
A propos du secteur de l’agriculture, les acteurs ont suggéré d’allouer au moins 30 milliards de F CFA d’ici à 2023 au Fonds de développement agricole (FDA), de prioriser les acteurs professionnels agrosylvopastoraux dans l’exécution des marchés institutionnels à savoir la cantine scolaire, la santé, la justice, la défense, la SONAGESS… et reconnaitre la Centrale d’achat des intrants et matériels agricoles (CAIMA) comme Association d’utilité publique et lui accorder des garanties pour un crédit documentaire d’au moins 50 milliards F CFA.
Cet aspect a retenu l’attention du ministre de l’économie et des finances, Lassané Kaboré qui a promis que les fonds seront alloués au FDA et à la CAIMA en fonction de la capacité de mobilisation des ressources.
Concernant le secteur de l’environnement, les recommandations portent sur l’élaboration et la mise en œuvre d’un programme de réhabilitation des espaces de conservation, la prises de mesures compensatrices au profit des acteurs de la faune et des acteurs de production, de transformation et de commercialisation des produits forestiers ligneux et non ligneux et la prise en compte des semences forestières améliorées et intrants de production dans la mise à disposition des intrants aux producteurs à prix subventionnés.
Pour ce qui est du secteur de l’eau, il a été proposé de sécuriser les infrastructures stratégiques de mobilisation et distribution d’eau existants et en cours de réalisation et d’assurer la protection des cours et retenues d’eau contre la pollution, l’ensablement et les pratiques néfastes.
Le président de la Confédération paysanne du Faso, Bassiaka Dao a plaidé pour la sécurisation foncière en milieu rural. Le ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Ville, Me Bénéwendé Stanislas Sankara invité par le président du Faso, a apporté des éclairages. Pour lui, il y a certes de l’incivisme foncier, mais le diagnostic opéré sur la question permet de conclure que le sujet est maîtrisé. « La maîtrise vient du fait que nous connaissons les causes du problème lié à la gestion du foncier. À titre d’exemple, 16 autres lois sont dérivées de la loi mère qui est la Réforme agraire et foncière (RAF) de 2008. C’est la principale source de dérives dans le foncier. Ayons le courage de faire marche-arrière pour permettre à l’état de retrouver sa plénitude dans la gestion de la terre, garante de toutes les autres activités humaines », a-t-il argué.
Me Sankara a confié qu’un comité interministériel impliquant huit départements a été mis en place le 19 avril dernier pour faire des propositions de mesures conservatoires. Aussi a-t-il rappelé que toutes les opérations de traitement des dossiers de promotion immobilière sont suspendues depuis le 9 février 2021 jusqu’à nouvel ordre. « Même si cela va amener des grincements de dents, nous allons prendre toutes les dispositions pour régler cette question du foncier », a renchéri le président du Faso.
Outre ces préoccupations, les paysans ont souhaité que le gouvernement travaille à améliorer la sécurité dans les aires protégées et pastorales, les zones de production et espaces de conservation.
Sur le volet sécuritaire, le ministre de la défense nationale et des anciens combattants, Moumina Chériff Sy a rassuré que des unités de protection des aires protégées seront déployées afin de permettre aux producteurs de pratiquer leurs activités en toute quiétude. Mieux, il a annoncé que dans la région de l’Est, le gouvernement installera bientôt un régiment d’infanterie commando pour renforcer le dispositif sécuritaire déjà déployé.
Toutefois, il a fait comprendre à l’ensemble des participants que la problématique du terrorisme est une affaire de tout le monde. A ce titre, il a souligné que les populations doivent accepter de collaborer franchement avec les Forces de défense et de sécurité. « Les terroristes qui occupent certaines forêts, écument certains villages et hameaux de cultures sont parfois connus de certains habitants de ces localités. Ils se ravitaillent en carburant et en vivres aux yeux de ces mêmes populations. Mais, personne ne pipe mot ou ne dénonce ces types de comportement aux FDS. Comment on fait ? », a lancé M. Sy.
A la fin des échanges, Roch Marc Christian Kaboré a dit toute sa satisfaction de cette journée, au regard de la qualité des documents de synthèses des travaux et des interventions. Toutefois, il a précisé que le contexte sécuritaire et sanitaire a entraîné des réaménagements dans le budget de sorte à mettre l’accent sur l’aspect sécuritaire. Mais, il a promis que progressivement, son gouvernement poursuivra ses actions de développement du monde rural.
Emmanuel BOUDA
(Correspondant)