La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a proclamé les résultats provisoires de l’élection présidentielle de novembre 2020. A l’issue de ce scrutin, Roch Marc Christian Kaboré a été réélu avec 57,87% des voix. Nous avons recueilli les avis de Burkinabè.
Souleymane Zoromé, Secrétaire général du Syndicat national des gestionnaires des ressources humaines (SYNAGRH)
« Il ne faut plus qu’il vienne nous dire qu’il vient d’arriver »
L’élection est un devoir citoyen. C’est une responsabilité qui vient d’être exprimée par les citoyens. Les citoyens ont manifesté leur choix sur l’homme qui va conduire la destinée du pays pendant 5 ans. Je pense que c’est un principe démocratique même si quelque part la démocratie n’est pas forcément la représentation de la majorité.
Sa réélection ne me surprend pas du tout au vu et au su de comment la campagne s’est déroulée avec par moment des meetings en pompe, des achats de consciences constatés sur les réseaux sociaux. Cela ne nous surprend guère. C’est quelque chose qui était plus ou moins visible. Les autres candidats n’ont pas véritablement fait le jeu. On n’attend pas quelques mois ou semaines pour mobiliser la population. On est loin de la démocratie représentative, car le peuple burkinabè à l’image d’autres pays africains fait le choix des personnes et non des programmes.
Pour le second mandat, il ne faut plus qu’il vienne nous dire qu’il vient d’arriver et qu’il lui faut du temps pour voir les problèmes. Il est beaucoup imprégné de la réalité. C’est à lui de faire le bon choix, de s’entourer des hommes et des femmes capables, à la hauteur des enjeux.
Le défi prioritaire c’est la question sécuritaire parce que l’intégrité territoriale doit être rétablie. La confiance entre les populations doit revenir. Aussi, le second aspect concerne la fronde sociale. Il faut que le président quitte dans cette posture disant qu’il faut s’attaquer aux syndicats. Nous sommes tous des Burkinabè. Il faut poser les problèmes sur la table avec les partenaires sociaux pour trouver des solutions consensuelles et durables. Il faut un dialogue franc et ouvert avec les partenaires sociaux. Le 3e point est la lutte contre la mal-gouvernance, les détournements, en somme la gouvernance vertueuse des biens de l’Etat. Cet exemple vertueux doit venir à priori d’eux.
A l’endroit de la population, c’est de rester éveillée sur tout ce qui va se dérouler. Elle doit être donc celle qui va contrôler l’action gouvernementale et parlementaire, apporter des corrections.
Mamounata Ouédraogo, commerçante
« Nous avons voté et nous attendons qu’il tienne ses promesses »
Je suis contente pour la réélection de Roch Marc Christian Kaboré. On prie Dieu que la paix règne au Faso et que son mandat se passe bien afin qu’il soit capable de bien dérouler son programme de société. On exhorte le Président d’aider toujours les femmes car elles souffrent assez. A son mandat écoulé, il a été d’une aide pour les femmes. Avant, pour avoir un crédit il faut aller en banque et ces deniers te demandent les papiers de la maison comme garantie. C’est quel homme qui va te donner les papiers de sa maison pour une garantie ? Les femmes sont le pilier de la famille nous nous occupons de l’école des enfants, de la santé, etc. Sur ce plan nous remercions Roch car il nous a accordé des prêts. Ce crédit a été octroyé sans garantie. Et nous l’exhortons à nous accompagner encore au cours de son nouveau mandant. Nous rappelons également le président de l’Assemblée Alassane Bala Sakandé qui lors de ses meetings nous a fait comprendre de porter nos voix sur Roch et ses députés. Nous avons voté et nous attendons qu’il tienne ses promesses dans les mois à venir.
Souleymane Gansonré, étudiant en sciences et gestion
« On attend de lui la relève de certains défis et notamment la question sécuritaire et celle de l’emploi »
Pour moi, ces élections se sont déroulées dans un contexte difficile parce que beaucoup de bureaux de vote n’ont pas été ouverts. Comparativement au taux de l’élection 2015 qui était inférieur 54 %, je me dis que c’est une bonne réélection avec 57,87%. On attend de lui la relève de certains défis et notamment la question sécuritaire et celle de l’emploi. Pour le 1er premier mandat de Roch qui vient de s’achever, les postes à pourvoir aux concours de la Fonction publique ont profondément diminué et certains concours ont même été supprimés. Il faut donc revoir cette question d’employabilité des jeunes. Par ailleurs, je félicite aussi le président Roch Marc Christian Kaboré pour sa réélection et espère qu’il sera à la hauteur de la confiance que le peuple burkinabè a placée en lui.
Madi Ouédraogo, Commerçant
« Je demande au nouveau président de se pencher sur la question du lotissement »
Sa réélection est une bonne chose. C’est le choix des Burkinabè et nous en sommes fiers. Je demande au nouveau président de se pencher sur la question du lotissement. Nous qui résidons dans les zones non loties souffrons. Pendant la saison hivernale, les eaux nous envahissent et nous ne pouvons pas travailler. Egalement la question de l’employabilité qu’il faudrait revoir. Il doit enfin revoir la question de la pauvreté des populations car les familles en souffrent. Nous avons faim. Je lui souhaite un bon mandat qu’il soit mieux que ce qu’il a fait à son premier mandat.
Ibrahim Yaméogo, étudiant en anglais
« Je m’attendais à un second tour »
D’abord, c’est un sentiment de surprise car je ne m’attendais pas à un premier tour. Vu les différentes mobilisations des différents partis politiques à savoir celle de l’opposition et la majorité. Je m’attendais à un second tour. Aussi, mon mécontentement va à l’endroit du mauvais déroulement du scrutin. Car il y a eu trop d’imperfections. Par exemple dans mon bureau de vote, beaucoup d’électeurs n’ont pas pu exprimer leurs voix. Car le numéro de leur carte d’électeur, ne correspondait pas à celui de la fiche de contrôle. Donc au début, nous avons refusé beaucoup a attendant d’avoir une solution. Mais après concertation, nous les avons acceptés mais beaucoup étaient déjà partis.
C’est le choix du peuple et on le respecte. Je le souhaite un bon vent pour les 5 prochaines années. Nous l’attendons plus sur le point de la sécurité nationale, de la réconciliation et de l’employabilité des jeunes. Surtout sur le plan de la sécurité car il n’y a pas de développement sans sécurité. Avec l’avènement du terrorisme, 2/3 du budget de l’Etat est alloué à la sécurité ce qui pouvait être réaffecté dans d’autres domaines comme la santé, l’éducation et la création d’emploi.
Je souhaite beaucoup de courage au président et à la population. Je lui souhaite d’être patient et compréhensible. Car le président a commencé son mandat avec beaucoup de difficultés ce qui a fait que les cartes ont été redistribuées et qu’il fallait s’adapter à la nouvelle situation. Aussi, avec la maladie à Covid-19 qui s’est invitée, cela a porté un coup dur à la vie nationale. Donc pour son mandant prochain, on ne souhaite pas qu’il ait d’autres imprévus. C’est vrai que gouverner c’est prévoir mais il y a certains points sur lesquels on ne peut pas se préparer à l’avance.
Abdoul Aziz Ouédraogo, employé de commerce
« Le problème majeur reste la sécurité »
C’est un sentiment de joie tout d’abord parce que les élections se sont bien déroulées. Et c’est un pas pour la démocratie burkinabè. Pour moi, sa réélection est une bonne chose. De 2015 à 2020, le pays a connu d’énormes difficultés et l’économie était au ralentie. Vu les réalisations du MPP durant son premier mandat, il est a félicité sur certains points mais le problème majeur reste la sécurité car le pays est tombé dans une insécurité grandissante. Je n’accuserai pas le pouvoir car c’est un phénomène sous régional. A cet égard, nous invitons le pouvoir à prendre des décisions fortes pour lutter contre l’insécurité. Sa réélection est une bonne chose car ils ont déjà une maîtrise du terrain donc c’est de prendre davantage des mesures fortes à savoir la réorganisation de l’armée. Il y a également la fronde sociale qui a beaucoup pénalisé le pays. Le gouvernement doit vraiment dialoguer, se concerter avec les partenaires sociaux pour trouver des solutions durables dans l’intérêt supérieur de la nation. Je lui souhaite un bon mandat.
Monique Sebgo, étudiante en première année de pharmacie
« J’aimerais qu’il œuvre beaucoup pour le maintien de la paix »
Je suis très heureuse car le président Roch a été réélu. Et s’il a été réélu c’est parce que durant son quinquennat passé il a travaillé à satisfaire le peuple burkinabè. Pour les années à venir, j’aimerais qu’il œuvre beaucoup pour le maintien de la paix au Faso. Car durant ces dernières années, les terroristes ont pris de l’avance dans beaucoup de provinces. Il faut aussi plus d’infrastructures pour le développement du pays car pendant la saison pluvieuse des voies sont impraticables.
Guy Aristide Ouédraogo, Administrateur en réseau informatique
« Nous attendons de lui la fermeté dans la gestion d’Etat »
Je suis heureux et satisfait du déroulement des élections. Il faut saluer les efforts de la CENI et son président qui ont travaillé pour concilier tous les acteurs politiques. Heureux qu’il soit reconduit car il pourra poursuivre son processus de développement déjà lancé. Cette réélection traduit simplement une confiance renouvelée du peuple burkinabè. Nous attendons de lui la fermeté dans la gestion d’Etat que ce soit sur le plan de sécuritaire ou dans le fonctionnement propre de l’Etat. Sur le plan sécuritaire, nous attendons des actions plus fortes. Outillés les forces de défense et de sécurité pour mieux sécuriser les zones en proie à l’insécurité. La population doit permettre au président de dérouler son programme dans un bon climat social.
Propos recueillis par Kiswendsida Myriam OUEDRAOGO
