Interruption sécurisée des grossesses : les conditions légales expliquées aux journalistes

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L’Association burkinabè pour le bien-être familial (ABBEF) en partenariat avec International planned parenthood federation (IPPF) a organisé une formation sur la clarification des valeurs et transformation des attitudes en matière d’interruption sécurisée de grossesse au profit des journalistes et quelques représentants de l’ABBEF du 31 mai au 02 juin 2022 à Ouagadougou. La clôture est intervenue ce 02 juin au siège de l’ABBEF, à Ouagadougou.

 

Les complications liées à l’avortement constituent la 5e cause directe de décès maternel selon l’annuaire statistique du ministère de la Santé de 2020. Face à ce constat alarmant, l’ABBEF a initié ce présent atelier.

Pendant 72h, des participants ont eu droit à des communications sur l’état des lieux de la santé sexuelle et reproductive, les concepts de la clarification des valeurs pour la transformation des attitudes, le concept de soins après avortement, les instruments internationaux et lois nationales sur l’interruption sécurisée de la grossesse (ISG) au Burkina Faso, l’objection de conscience. Lesdites communications ont été présentées respectivement par le médecin gynécologue, Pr Jean Lankoandé et la juge, membre de l’association des femmes juristes, Somkinda Traoré.

Dans son exposé, sur l’état des lieux de la santé sexuelle et reproductive, Pr Jean Lankoandé a fait savoir que le taux de mortalité demeure très élevé au Burkina Faso, 330 décès pour 100 000 naissances vivantes enregistrées au Burkina Faso en 2012. Et d’ajouter qu’entre 12 et 13% des femmes meurent à cause des complications liées à l’avortement.

Pr Jean Lankoandé

Pour lui, les avortements non sécurisés contribuent à la mortalité maternelle et les plus touchés sont malheureusement les femmes jeunes. Et de ce pas constituent la quatrième cause de mortalité. De ce qui ressort de sa présentation, les soins après avortement sont l’une des stratégies qui peuvent réduire la mortalité maternelle.

La communication de la magistrate a consisté en une présentation des différents instruments juridiques internationaux, régionaux et nationaux qui régissent la loi sur les questions de sexualité et les droits des femmes. Selon elle, le protocole de Maputo ratifié le 19 mai par le Burkina Faso, stipule que les « Etats s’engagent à prendre toutes les mesures appropriées pour protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l’avortement médicalisé en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou du fœtus ». Elle a trouvé important de vulgariser cette loi car sa méconnaissance est à l’origine de plusieurs avortements clandestins issus de grossesses non désirées. Par ailleurs, elle a insisté sur la nécessité de lever les obstacles socio-culturels, infrastructures et politiques qui empêchent la jouissance des droits à la santé sexuelle et reproductive.

Tout au long de l’atelier, les formateurs ont insisté sur le fait que l’interruption sécurisée de grossesse est faite selon les lois du Burkina Faso. A cet effet, ils ont expliqué qu’il existe quatre indications légales pour un avortement sécurisé à savoir lorsque la grossesse est issue d’un viol ou d’un rapport incestueux, lorsque qu’il y a malformation du fœtus très grave et lorsque la sante de la mère est en danger.

Somkinda Traoré

« Lorsqu’on parle d’ISG, c’est selon ces quatre indications au Burkina Faso, au-delà de ça, il n’y a pas d’indication d’avortement sécurisé au Burkina Faso », a soutenu Pr Jean Lankoandé.

Le directeur exécutif de l’ABBEF, Mohmed Hamdy Kouanda, a souhaité que les connaissances apprises au cours de cette formation aident les journalistes à mieux comprendre le concept de d’avortement sécurisé afin de sauver des vies. Il a estimé que chaque fois qu’une personne sous-informés, qui n’a pas accès à l’information juste pose un acte dans la clandestinité met sa vie en danger. « Le problème de l’avortement est un problème de santé publique au Burkina Faso. C’est pourquoi, il faut mener des actions de santé pertinentes et ciblées », a signifié le directeur exécutif.

Pour ce faire, il a exhorté les participants en particuliers les journalistes de leur prêter main forte à faire comprendre à l’ensemble des prestataires notamment les femmes, les jeunes filles et adolescents à connaitre les concepts d’interruption sécurisée de grossesse au Burkina Faso selon la loi.

Le coordonnateur de l’AJC/PD a prodigué des conseils aux journalistes en matière de rédactions de papier d’initiative personnelle. A cet effet, il a demandé aux journalistes d’humaniser l’information. C’est-à-dire accorder de l’importance aux récits, aux témoignages et susciter de l’émotion dans les récits. Pour terminer, il a invité les journalistes à être objectifs dans la narration des faits.

Pour Judith Nitiéma, participante à la formation, elle a confié qu’elle sort très enrichie de cet atelier. « Au début j’étais contre l’avortement. Le droit est à la vie est un droit. Je ne pouvais pas admettre que pendant que certaines personnes sont en quête de grossesse d’autres se permettent d’avortement. C’était inacceptable », a-t-elle lancé. Mais après cette formation j’ai un autre regard sur l’avortement. Pour elle, il est plus que nécessaire d’informer, sensibiliser la population sur cette loi.

Quant à Mamoudou Bénao, il dit être transformer car à travers les différentes communications, il s’est rendu compte qu’il avait des préjugés sur l’avortement. « Cette formation en tant que journaliste, me permettra de mieux mener mes investigations et traiter différemment mes productions sur le sujet », a-t-il fait savoir. Et de poursuivre, dorénavant nous sommes aptes à sensibiliser la population et à attirer leurs attentions sur le cadre légal sur l’interruption sécurisées des grossesses.

En rappel, l’ABBEF a été créé en 1979 et intervient dans 9 régions et présente dans quatre villes à savoir Ouagadougou, Bobo, Koudougou et Koupéla. Elle a pour mission d’assurer dans le monde associatif, le leadership dans la promotion des droits et offre de services de qualité en santé sexuelle et reproductive pour l’épanouissement des populations en général et des groupes vulnérables en particulier.

Kiswendsida Myriam OUEDRAOGO

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