Ramadan : le Sermon de l’AEEMB et du CERFI prononcé par l’imam Tiégo Tiemtoré

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« BISMILLAHI ARAHMANI RAHIM

SERMON DE LA FETE DE RAMADAN 2021 (AEEMB-CERFI)

Toutes les louanges sont à Allah, l’Unique qui jouit de la majesté, de l’éternité, de la grandeur, de la magnificence et de la puissance absolue. Il est l’Unique Seigneur, l’Indépendant vers Lequel se tournent toutes les créatures pour leurs besoins, le Maître qui n’a besoin de rien.

Exalté soit Allah qui, Seul, pardonne les fautes, couvre les défauts, pourvoit aux besoins et comble toutes les créatures de Ses bienfaits!

Que Ses prières, Son salut, Sa miséricorde et Ses bénédictions soient sur le Prophète Mohamad (saw), sa famille, ses Compagnons et tous ceux qui suivront son chemin jusqu’au jour de la Rétribution !

Chers frères et sœurs,

Le glorieux mois de Ramadan nous tourne déjà le dos, avec tout ce qu’il renferme de bienfaits, de grâces, de privilèges et d’avantages indénombrables pour les croyants et la promesse de la récompense divine.

Ce mois dont « les jours sont les meilleurs parmi les jours, ses heures les meilleures parmi les heures », par les valeurs qu’il renferme et son objectif pédagogique, fut une vraie école de la vie.

A l’instar des autres piliers, le Ramadan éduque et nous relie à la source divine, afin que nous soyons des adeptes du bien et des combattants du mal.

Ses leçons permanentes de solidarité et de cohésion sociale, font du Ramadan, une source  de  vie, une manière d’être avec Dieu et vivre avec ses créatures et montrent toute la profondeur de l’Islam, qui n’est pas que culte pur, mais aussi, une spiritualité, un message et  un code de vie.

En s’éduquant à mieux contrôler ses  sens, on apprend à mieux se maîtriser pour vivre dans la présence divine permanente et faire le bien aux créatures divines, et raffermir l’engagement pour le bien et la solidarité sociale.

En nous exerçant à l‘éthique de l’action et la quête de l’excellence dans notre rapport vertical avec Dieu et horizontal avec ses créatures, le mois de Ramadan nous a incité à vivre un Islam de compétitivité, de performance et des finalités ; qui fait sortir ‘’des ténèbres vers la lumière’’ (Coran 14/1) ; et qui fait de chaque musulman, un dépositaire de miséricorde et de grâce : «Nous t’avons seulement envoyé comme une miséricorde pour les  mondes». (Coran 21/107).  Et cette rahmat doit toucher toute créature sur la terre.

Pour avoir bénéficié de ces enseignements sublimes, le Coran recommande alors au croyant d’être reconnaissant, “Et que vous proclamez la grandeur d’Allah pour vous avoir guidés, et afin que vous soyez reconnaissantsَ (Coran 2/185).

Les belles leçons de foi et de vie apprises et pratiquées durant le Ramadan méritent évidemment d’être perpétuées en vue de renforcer la foi du croyant. Un hadice nous enseigne que « L’action que Dieu aime est celle qui perdure, même si elle n’est pas en quantité ».

Au nombre de celles-ci, la lecture du coran, la prière nocturne, le  zikr, le sens de la générosité, la maîtrise de nos sens, le sens de l’invocation comme viatique du musulman.

Hier le ramadan, demain  la zakat et le pèlerinage aux lieux saints, et toujours la prière ; tout nous ramène à cette sagesse divine : la foi, c’est s’éduquer pour savoir cheminer avec les hommes sur la terre de Dieu, avec ses signes et ses enseignements.

Cette présence citoyenne portée par la foi et la spiritualité, nous exige un engagement qualitatif au service des communautés humaines.

Au regard du défi de la présence citoyenne active et responsable pour les musulmans, l’organisation des musulmans de notre pays doit toujours être une préoccupation pour tous, afin que nous soyons à la hauteur des espérances de notre pays.

Etre Musulman, c’est vivre avec les hommes et les accompagner sur le chemin du bien-être ; c’est lutter pour faire sortir les humains de toutes les vulnérabilités qui handicapent la dignité humaine.

C’est le lieu d’appeler, sous la bannière de la Fédération des Associations Islamiques du Burkina Faso (FAIB), à l’unité d’actions et l’unité affective entre les musulmans, sans lesquelles, notre  communauté resterait à la traîne et serait incapable d’être une force de propositions pour notre pays.

Le Coran proclame « Obéissez à Allah et à Son Messager, ne vous disputez pas, sinon vous deviendrez faibles (malgré votre nombre), vous perdrez votre force. Soyez patients, Dieu est avec les patients », Coran 8/46.

Au delà des discours, nous sommes attendus sur les chantiers, entre autres, de la prise en charge des personnes vulnérables et des malades, l’offre sanitaire et éducative de qualité, l’éducation de la jeunesse, la dénonciation des antivaleurs, la lutte pour la justice, afin de contribuer au mieux-être des Burkinabé.

Où se trouve notre foi, quand on est indifférent aux pleurs de l’orphelin, la misère de la veuve, la complainte du malade, la destruction de l’environnement, les déboires des enfants de la rue, à l’injustice à l’égard d’autrui, etc. ?

C’est pourquoi, nous devons exhorter les associations islamiques à se départir des clivages et des querelles byzantines et à se concentrer sur l’essentiel, conformément aux exigences de la sincérité de notre religion. Le musulman éduqué et qui transmet des valeurs et une éthique de l’existence est un bâtisseur de communautés et un participant à la construction de l’humanité. Il intègre la communauté de bien dont parle le Coran et se pare des qualificatifs du Coran dont la lumière, la bonne direction, la miséricorde.

Si porter la foi, c’est porter une double responsabilité, devant Dieu et devant les hommes, il nous faut être de tous les combats qui préservent la dignité humaine.

Et en tant que Communauté ‘’qui appelle au bien et réprouve le mal’’, (Coran 3/110), nous sommes appelés à l’action et non à l’inertie et à l’indiscipline.

C’est d’ailleurs au nom de ces valeurs, que le CERFI a décidé de la mise en place de la zakat House qui mérite d’être soutenue pour l’atteinte de ses objectifs.

La Zakat, aussi obligatoire que le jeûne ou les 5 prières, est un outil que Dieu a mis à la disposition de la Ummah pour venir en aide à certaines catégories de personnes défavorisées de la société, notamment les pauvres et les nécessiteux. C’est un moyen de lutte contre la pauvreté et le chômage. Mais encore faut-il un minimum d’organisation que la zakat House se propose d’apporter en travaillant à quitter d’une zakat de de consommation courante vers une zakat d’investissements et de développement.

Chers frères et sœurs,

A l’évidence, une meilleure présence musulmane passe par des musulmans de qualité au service de leur Nation.

Cela passe par l’investissement dans la formation des musulmans, afin de relever le défi des savoirs et des connaissances, pour vivre un Islam d’excellence.

C’est ce souci d’une meilleure présence citoyenne, qui interpelle chacun d’entre nous sur la situation sociale, économique et politique de notre patrie, car le musulman ne doit jamais être indifférent à ce qui se passe chez lui et autour de lui.

Dans le contexte sécuritaire qui affecte notre pays (et  la sous région) et la recrudescence du grand banditisme et des actes terroristes qui handicapent notre développement, il faut rendre un hommage mérité à tous ces hommes et femmes qui au prix de leurs vies, défendent la patrie et se battent  dans divers secteurs, pour un Burkina Faso meilleur

Dans ces moments difficiles pour nos pays, il faut s’éduquer à préserver la cohésion et l’harmonie et faire de notre foi, un vecteur de progrès, de justice et de cohésion sociale.

Comprendre et accepter les autres et vivre en harmonie avec eux, plus que la tolérance, c’est ‘’un droit d’être et un devoir de présence’’.

Le Coran proclame : ‘’Nous vous avons créées à partir d’un homme et d’une femme et fait de vous des nations et tribus pour que vous tissez des liens entre vous. Mais sachez que le meilleur d’entre vous est celui qui a la crainte de Dieu’’ (49 :13).

Chers frères et sœurs,

Vivre ensemble selon l’Islam, c’est aller à la rencontre de tous et de toutes, apprendre de l’autre, partager des valeurs universelles de l’espèce adamique,

Vivre ensemble selon l’Islam, c’est être avec Dieu et vivre avec les hommes, au-delà de la couleur, de l’ethnie et des différences d’opinions.

Aussi, la question de la réconciliation nationale est un impératif, au regard des périodes sombres de l’histoire de notre pays, mais aussi des frustrations, des incompréhensions, des actes de haine, de rejet des autres, de discrimination et du délitement des relations inter-communautaires.

Le schéma qui sera choisi doit courageusement refléter notre aspiration commune à assumer, dans la sincérité, notre histoire, panser les plaies, réparer  les torts et surtout tracer des sillons pour que les générations futures ne vivent pas les mêmes drames et ne donnent aucune prime à l’impunité et à l’injustice.

Dans un tel contexte, la construction de la paix, la nécessité de promouvoir le vivre ensemble et le refus de la stigmatisation, doivent être promus par les Gouvernants et les Gouvernés.

Nous avons en le Messager d’Allah (psl), un bel exemple du vivre-ensemble, de cohésion sociale et de réconciliation.

La rédaction consensuelle d’une constitution à Médine, la fraternisation entre Médinois et Mecquois, les rencontres avec les autres croyances, l’offre de réconciliation entre les Awz et Khazraj, etc, sont autant de faits qui nous rappellent et nous interpellent.

Notre pays a urgemment besoin de s’unir face aux adversités de toutes sortes et relever les innombrables défis, dans le sens d’un développement harmonieux, d’un partage équitable des richesses, et d’un climat pacifique et respectueux des Droits de tous les citoyens.

Par conséquent, tout en félicitant les pouvoirs publics pour les efforts consentis dans le vécu socio-économique des populations, des points d’attention méritent d’être relevés.

Il s’agit notamment, du renforcement de la sécurité des biens et des personnes ; l’amélioration  de l’offre de services publics, notamment dans les domaines de l’eau, de l’électricité, de la santé, de l’éducation; une meilleure protection sociale pour les plus vulnérables, les pauvres et personnes vivant avec un handicap ; la résolution du retard  récurant dans les universités publiques ;  l’insertion professionnelle et la création d’emplois, notamment pour les jeunes ; la transformation locale des matières premières ; la lutte contre la corruption ; l’amélioration des conditions de travail des agents du public et du privé ; le contrôle des prix des produits de première nécessité  ; une gestion  rigoureuse des biens publics et des ressources minières,  l’assainissement de la question foncière, etc.

Tout cela doit s’ancrer au sein d’une gouvernance vertueuse chez nos Elites dirigeantes, car notre pays a besoin de véritables hommes d’Etat, qui ne pensent pas seulement aux élections, mais aussi et surtout aux générations à venir et s’y consacrent avec dévouement.

De même, il importe d’accorder une grande attention à la recherche de la justice sociale et de l’équité, et d’éviter d’avoir un luxe insolent qui côtoie une misère insultante aggravée ces dernières années par la violence et l’insécurité qui perturbent gravement les services sociaux de base.

Cet élan de solidarité nationale doit davantage se manifester à l’égard des déplacés internes, du fait de la crise sécuritaire.

Avec 1147699 ( CONASUR, 31 mars 2021) déplacés internes, 2200 écoles fermées, 300 000 enfants affectés par la situation sécuritaire, 1215 morts issues de centaines d’attaques, la situation est préoccupante et interpellatrice.

A cela, est venu s’ajouter la pandémie de Covid-19 dont les effets néfastes sont toujours perceptibles dans le secteur économique.

Dans le sillage de la crise de la COVID-19  qui impacte nos économies, comment pouvons-nous aider à inverser cette tendance à la fragilité et placer notre pays sur une trajectoire de reprise résiliente ?

Des réponses en termes de soutiens plus accrus aux secteurs productifs et la promotion de la solidarité à l’égard des couches faibles sont nécessaires.

Dans toutes ces situations, il faut saluer la mémoire des victimes, féliciter l’action de tous les acteurs engagés sur les fronts pour la dignité humaine, et appeler à la solidarité et à la compassion, à l’égard des personnes et des familles éprouvées.

Nos cœurs sont meurtris, mais notre confiance en Allah reste intacte.

Ces situations enseignent pour le Croyant, tout un signe : la fragilité et la vulnérabilité de la créature humaine face à l’épreuve.

Devant les épreuves difficiles, la tradition musulmane nous recommande le repentir sincère, la multiplication des œuvres de bienfaisance surtout en faveur des nécessiteux, la justice sociale et les invocations.

On doit lutter de toutes ses forces pour réaliser son idéal et Dieu est avec ceux qui sont dans une posture optimiste.  ‘Ne désespèrent de la miséricorde de Dieu que les incroyants’’. 12/87.

Chers frères et sœurs,

En ce jour de souvenir et de gratitude, nous devrions avoir une pensée pieuse pour tous les malades et les éprouvés autour de nous et leur témoigner notre compassion et notre solidarité.

Soyons rassurés ! Dieu n’oublie personne et Sa Miséricorde est plus grande que toute chose « Il s’est prescrit la miséricorde » (Coran, sourate 7) et est à proximité : « Certes, Je suis proche. Je réponds à l’appel de qui m’appelle …» 2/186.

Habillons-nous des vêtements de la piété, ce sont les meilleures parures, dit le Coran et cultivons la bienfaisance permanente.

‘’Sois bon comme Dieu l’a été à ton égard’’ proclame le livre sacré. 28/77.

Quand le Coran proclame, ‘’Ô vous les croyants, répondez à l’appel de Dieu et de son messager quand ils vous appellent à ce qui fait revivre vos cœurs’’ (Sourate 8 :24 ), c’est une invite à ne jamais oublier le lien vertical qui nous nourrit de lumière, pour éclairer l’horizontalité de notre présence sur la terre des hommes.

Puissent les jours et années à venir, nous offrir une gradation dans l’échelle de rapprochement avec Dieu !

Que les instants à venir nous apportent à tous, la joie et le bonheur, dans nos familles et dans la nation !

Puissent les jours bénis du Seigneur de la création, apporter à nos familles, nos pays et au monde, la paix et la sérénité.

Qu’ils nous procurent la joie d’être parmi les bien-aimés de Dieu, aujourd’hui et demain !

Qu’Allah nous guide, nous protège et nous comble de Son infinie miséricorde !

Qu’Allah bénisse le Burkina Faso et y fasse régner la paix, la gouvernance vertueuse, la justice sociale, le vivre-ensemble et une prospérité partagée.

Bonne fête de Ramadan à toutes et à tous !

Imam Tiégo TIEMTORE »

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