Les Agents de santé à base communautaire (ASBC) sont des maillons essentiels de la sensibilisation sur les bonnes pratiques nutritionnelles et de santé à l’échelle des communautés. Dans le cadre de la caravane de presse organisée par le ministère de la santé et ses partenaires sur la promotion de l’allaitement maternel, les journalistes ont pu constater la contribution de ces acteurs aux actions de sensibilisation.
Samedi 31 juillet 2021, Benjamin Sawadogo aurait pu être en train de désherber son champ ce matin, surtout avec la pluie de la veille. Au lieu de cela, il est encore sur la place du village à la mi-journée, faisant le pied de grue devant un hangar à attendre une équipe du district sanitaire de Boussouma accompagnant un groupe de journalistes.
Les hommes de médias désirent assister à une séance d’animation de groupe d’apprentissage et de suivi des pratiques optimum d’alimentation du nouveau-né et du nourrisson (GASPA) au niveau communautaire. Benjamin Sawadogo et son binôme, Irène Gango, sont les deux Agents de santé à base communautaire (ASBC) de Sera, village situé à 7 km de Boussouma. A ce titre, ils sont les 2 « spécialistes » attitrés des questions de santé dans ce village.
C’est pourquoi, lorsque les visiteurs arrivent enfin, Benjamin et Irène mettent un point d’honneur à démontrer leur capacité à relayer les messages de sensibilisation au sein de la communauté. A l’intention de leurs invités, ils entreprennent donc une séance de sensibilisation. L’assistance est composée d’un groupe mixte d’une vingtaine de femmes enceintes et allaitantes. S’engage ainsi une séance de questions-réponses avec en toile de fond des messages clé à l’endroit des femmes enceintes pour une meilleure gestion de leur grossesse et des femmes allaitantes pour l’allaitement de leurs nourrissons exclusivement au sein.
Une séance mensuelle avec chaque GASPA
L’exercice dure une bonne trentaine de minutes. A la fin, agents sensibilisateurs et assistance peuvent maintenant s’ouvrir à leurs hôtes. Benjamin Sawadogo et Irène Gango sont devenus ASBC de Sera depuis 2015. Ce cultivateur à la base et la ménagère, tous mariés, père et mère de famille, ont été recrutés sur la base du volontariat et sur recommandation du chef de village.
Depuis lors, ils sont l’interface entre les agents de santé et les habitants de leur village, intervenant pour des cas de consultations usuelles et référant les cas graves à la formation sanitaire. En janvier 2021, ils se sont vus confiés plus de responsabilité avec la création des GASPA à Sera. Les deux ASBC ont constitué six groupes de femmes dont l’un est composé de femmes enceintes, un autre de mère de bébés âgés de 0 à 5 mois et les 4 autres regroupent des mères d’enfants de 0 à 23 mois. Chaque groupe comprend environ 15 femmes.
D’après Benjamin Sawadogo, ces groupes vont passer bientôt de 6 à 11 avec de nouvelles femmes à prendre en compte dû entre autre à l’arrivée de personnes déplacées. Une séance doit être effectuée mensuellement pour chaque groupe, en plus des visites individuelles à domicile. En quelques six mois d’activités, les deux agents estiment que leurs messages passent bien. « Vu l’évolution des choses, on peut dire que ça commence à porter fruit. Les femmes même donnent des témoignages sur l’amélioration qu’elles constatent au niveau de l’état de santé et de forme de leurs enfants depuis qu’elles appliquent les conseils que nous donnons », se félicite Benjamin Sawadogo.
Aider avec le sourire
En tant que membre de la communauté dans laquelle ils interviennent, les ASBC assurent savoir comment appréhender la situation des différentes femmes ainsi que l’approche à développer pour passer les messages de sensibilisation. Si bien que, selon Irène, ils sont de plus en plus sollicités par les populations. Mais la charge de représenter les agents de santé à Sera, bien que galvanisante, comporte certaines difficultés d’après les deux ASBC.
Ils citent surtout la motivation qu’ils considèrent modique par rapport à la charge de travail qui empiète sur leurs activités personnelles. Irène et Benjamin perçoivent en effet 20 000 FCFA par mois qui leur arrive souvent avec du retard. En tout état de cause, ils reconnaissent que leur activité requiert le don de soi. « Le fait même de savoir que grâce à moi telle personne a pu recouvrer la santé ou a pu adopter de bonnes pratiques bénéfiques pour son enfant et sa famille me réjouissent », confie Irène Gango dans un léger sourire.
Drissa TRAORE