L’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) a organisé à l’endroit des membres de l’Association des Journalistes et Communicateurs en Population et Développement (AJC/PD), un atelier consacré à la présentation des résultats de l’enquête du projet ‘’Migration pour le développement et l’égalité (MIDEQ)’’, ce vendredi 04 mars 2022, à Ouagadougou.
« Répondre au défi du développement durable en s’assurant que la migration Sud-sud réduit plutôt qu’elle n’augmente les inégalités pour aboutir au développement dans les pays du Sud ». Tel était l’objectif du projet ‘’Migration pour le développement et l’égalité (MIDEQ).’’ Deux ans après avoir conduit la recherche sur le corridor Burkina Faso-Côte d’Ivoire, l’équipe a livré les résultats à la presse ce vendredi 04 mars 2022, dans l’enceinte de l’ISSP sis à l’Université Joseph Ki-Zerbo.
« Les résultats du projet portent sur l’enquête quantitative, en attendant de renforcer ces résultats avec ceux de l’enquête qualitative, en cours de finalisation », a précisé de prime à bord le Directeur de l’Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP), Pr Abdramane Soura.
L’étude réalisée entre le 25 octobre et le 26 novembre 2020 a concerné 3841 ménages. Les acteurs ont souligné que l’émigré est toute personne partie en Côte d’Ivoire depuis plus de 03 mois et moins de 20 ans. Parmi ces ménages, il y ceux ayant une expérience migratoire au nombre de 1857, contre 1984 qui n’en ont aucune expérience. Les enfants ont été pris en compte à savoir 8518 enfants de 5 à 17 ans recensés dans les familles. 682 d’entre eux ont au moins un parent biologique en Côte d’Ivoire. Quatre régions ont été concernées par l’enquête ; le Centre (Ouagadougou), le Centre-Ouest (Koudougou), le Centre-Est (Tenkodogo) et les Hauts-Bassins (Bobo-Dioulasso).
Les résultats du premier axe thématique ont été présentés par Dr Gabriel Sangli. Il est ressorti que les inégalités dans l’enfance liées aux migrations des Burkinabè vers la Côte d’Ivoire demeurent difficilement cernables entre les enfants qui ont au moins un des parents biologiques en Côte d’Ivoire et ceux qui n’en ont pas. « Les inégalités sont tantôt en faveur des enfants qui ont un parent en Côte d’Ivoire, tantôt en faveur des enfants de ceux qui n’en ont pas et par moment, aucune différence significative n’est observable dans les tendances entre les catégories d’enfants », a expliqué Dr Sangli.
Par rapport à la perception de l’immigration au sein des ménages, l’étude a fait ressortir que 62,9% ménages ruraux pensent qu’elle améliore leurs conditions de vie. Dans le milieu urbain, ils sont 44,7 % qui apprécient positivement la migration. 6,8% des ménages estiment que partir en Côte d’Ivoire détériore la situation économique. Au niveau des ménages qui ont déjà vécu une expérience migratoire, 68,4% pensent que cela améliore les conditions de vie contre 60,0% chez ceux qui sont sans expérience. Dans 78,4% des ménages, personne ne souhaite migrer. Dans 89,7% des ménages sans expérience de migration, aucun membre n’envisage migrer, contre 69,9% dans les familles avec une expérience migratoire.
Dr Gabriel Sangli a expliqué que cette situation peut être liée au statut social des ménages en lien avec leur expérience migratoire. La migration n’a pas que d’effets positifs, attire-t-il l’attention avant de laisser entendre qu’elle peut exacerber les inégalités entre les enfants tout comme elle peut les réduire.
« L’émigration en Côte d’Ivoire n’est pas synonyme de transfert d’argent à la famille restée au Burkina Faso. La plupart des migrants ne transfèrent pas d’argent à leur famille », a dit le Coordonnateur du projet MIDEQ, Dr Hubert Bonayi Dabiré.
La preuve, selon les résultats de l’axe thématique ‘’Migration et transfert de fonds’’ exposés par Marc Meda, 52,3% des émigrés venant des régions couvertes, ne transfèrent pas d’argent au Burkina Faso depuis la Côte d’Ivoire. Par contre, les personnes qui transfèrent sont celles qui ont des contacts réguliers avec la famille restée au Burkina Faso et à près de 95% pour celles qui ont émigré pour des motifs de travail. Les principaux destinataires des transferts sont prioritairement le père (43,1%), le frère (28,8%), la mère (13,7%) et l’épouse de l’émigré, a étayé M. Méda. Il a indiqué que les ressources sont notamment utilisées pour les soins médicaux (56%), l’éducation (42,4%), les investissements (22,6%) et les évènements familiaux (15,6%).
Le projet MIDEQ qui concerne la migration entre les pays du Sud impliqué au total 13 pays. Financé par la United Kingdom Research and Innovation, il s’intéresse à 06 couloirs de migrations : Burkina Faso-Côte d’Ivoire ; Ethiopie-Afrique du Sud ; Chine-Ghana ; Egypte-Jordanie ; Népal-Malaisie et Haïti-Brésil.
Gaspard BAYALA