Le Haut conseil du dialogue social (HCDS) a organisé une session de formation sur le dialogue social au profit d’une trentaine de journalistes burkinabè, du 12 au 14 avril 2021 dans son siège sis à Ouaga 2000.
Créé en mars 2017 et dont les Conseillers ont été installés en 2018, le Haut conseil du dialogue social est une institution peu connue du grand public. Les premiers responsables de la structure ont décidé d’initier une session de formation des journalistes sur le dialogue social du 12 au 14 avril 2021. Pendant 72 heures, les communications ont porté sur l’historique de la création du HCDS, les pratiques et les notions du dialogue social et la définition du dialogue social, sa justification, ses bénéfices directs et les conditions essentielles du dialogue social.
La première communication a été faite par le vice-président représentant le patronat au HCDS, le Dr. Jean-Baptiste Yaméogo. Elle a porté sur l’historique de la création du HCDS. Elle s’est faite en trois points à savoir un bref aperçu du la pratique du dialogue social avant le HCDS, les limites du dialogue social avant la création du HCDS et le processus de création du HCDS.
Le communicateur a expliqué que bien avant le HCDS, il existait une pluralité de structures de concertation entre les gouvernements et les organisations patronales et syndicales. Dans les 1980, a dit Dr. Yaméogo, le processus de dialogue a été marqué par des antagonismes entre les pouvoirs politiques et les partenaires sociaux qui relèguent le dialogue au second plan.
Dr. Salifou Sangaré a précisé que le HCDS fonctionne avec des fonds alloués par la présidence du Faso.
Mais, à partir de 1994, il a souligné que le dialogue social a pris une tournure décisive au Burkina Faso en raison des effets négatifs du Programme d’ajustement structurel sur le monde du travail. Une situation, aux dires de Dr. Jean-Baptiste Yaméogo est venue justifier la nécessité d’impliquer les partenaires sociaux dans la résolution des crises engendrées par la situation socioéconomique du pays. Ainsi, le Bureau international du travail de par ses programmes de l’époque, a contribué à la création de nouveaux cadres de dialogue social.
A titre illustratif, le présentateur a cité la Commission consultative du travail, les Commissions mixtes en vue de la conclusion de conventions collectives, le Comité technique national consultatif de sécurité et santé au travail, la Commission nationale du salaire minimum interprofessionnel garanti, le cadre de concertation gouvernement-organisations syndicales de travailleurs, la Commission mixte paritaire de négociations salariales du secteur privé, entre autres.
Guy Olivier Ouédraogo (gauche) et Dr Jean-Baptiste Yaméogo
ont démontré la nécessité de maintenir le dialogue social au Burkina Faso.
Toutes ces actions ont contribué à améliorer sensiblement les conditions de vie et de travail des travailleurs du public et du privé. Toutefois, elles n’ont pas résolu entièrement les tensions. D’où les limites du dialogue social évoquées par le communicateur. Comme limites, il a cité celles liées à la multiplicité des organes et le mauvais fonctionnement de ces organes. Une situation qui a engendré une forme de cacophonie entre les structures traitant du dialogue social. Ce sont toutes ces insuffisances qui ont convaincu tous les acteurs, selon les termes du présentateur, à s’accorder sur la nécessité de créer une structure nationale, à l’instar des autres pays de l’espace UEMOA. Et cette structure ; le Haut Conseil du Dialogue Social (HCDS).
L’intervention du Haut conseil se limite au monde du travail
A la suite de la communication de Dr. Jean-Baptiste Yaméogo, c’est le vice-président du HCDS, représentant l’Etat, le Dr. Salifou Sangaré qui a entretenu les journalistes sur le thème : dialogue social : notion et pratique. Cette communication s’est faite essentiellement en deux points principaux. Il s’agit de la nature du dialogue social et les outils du dialogue social.
Dr. Sangaré a défini le dialogue social comme étant un processus d’échange et de communication par lequel les acteurs du monde du travail s’entendent pour gérer au mieux leurs intérêts ou encore que le dialogue social englobe toutes formes de négociation, de consultation ou d’échanges d’informations entre représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs sur des questions d’intérêt commun liées à la politique économique et sociale, selon une définition de l’Organisation internationale du travail reprise par le communicateur.
Le communicateur a précisé que l’intervention du Haut conseil se limite au monde du travail et qu’il est l’œuvre des organisations et non celle des individus.
La troisième communication a été faite par le vice-président au HCDS représentant les travailleurs, Guy Olivier Ouédraogo. Elle a porté la définition du dialogue social, la justification du dialogue social et ses bénéfices directs et les conditions essentielles du dialogue social.
Il a expliqué que le dialogue social fonctionne sur la base des intérêts des acteurs, les contingences socioéconomiques et les bénéfices directs des acteurs. Sur les bénéfices directs aux acteurs, M. Ouédraogo s’est attardé sur les points suivants comme la meilleure connaissance des réalités, une plus grande lisibilité des options stratégiques des entreprises et de l’Etat, la paix sociale, la légitimation de l’action publique, l’atténuation des contestations, l’adhésion aux politiques publiques, l’appropriation des objectifs de l’entreprise, la création d’une communauté d’intérêt, l’École de responsabilité, de citoyenneté et de démocratie.
Selon le président du HCDS, Jean-Pierre Palm, lui a remercié les journalistes pour leur participation à l’atelier. Réagissant aux différentes questions sur le fait que son institution ne communique pas assez, il a fait comprendre que le HCDS a un devoir de réserve sur certains dossiers de négociations.
A ce propos, Dr Sangaré a précisé que le HCDS est rattaché à la présidence du Faso. Parlant de son budget de fonctionnement, il a indiqué le Haut conseil n’a pas de budget proprement dit puisqu’il dépend de la Présidence du Faso. « Ce sont des fonds que la Présidence du Faso nous alloue en fonction des besoins et pour le fonctionnement », a-t-il dit.
Michel BADO