L’exploitation des fruits des arbres de la brousse, communément appelés Produits forestiers non ligneux (PFNL), à l’état immature, répercute sur l’arbre, la régénération des espèces et compromet la survie de l’animal. Malgré l’existence des textes et des sensibilisations, le phénomène persiste et rend difficile la tâche des services forestiers.
Dimanche 7 juillet 2024 sur l’axe Poa-Ralo-Koudougou, dans la province du Boulkiemdé. Il est 8h. L’écolier Wendemi Zongo, du village de Ralo, est en vacances. Censé être à l’église, jour de culte, comme ses parents, il se retrouve au bord de la route avec un seau contenant du karité (Vitellaria paradoxa parkii), à moitié plein et attend les premiers clients. « Mon grand frère s’est levé très tôt aller au champ secouer les karités à l’insu des parents, avant d’aller à l’église. Il m’a dit de les vendre à 1000 F CFA, qu’il me donnera 250 F CFA », dit-il, tout timide. Sur le même axe, d’autres enfants, tous des élèves du primaire, rivalisent dans la vente des Produits forestiers non ligneux (PFNL). Le plus jeune d’entre eux, raconte que son père le gronde à tout moment, lorsqu’il le voit avec le karité immature. « Nos parents nous interdisent mais nous gagnons beaucoup dans cette activité de vente, parce que, nous pouvons avoir au moins 15 000 F CFA chacun, pour l’achat de nos fournitures à la rentrée ou des chèvres pour élever », affirment-t-ils.
Les fruits sauvages cueillis mûrs ou immatures, font l’objet d’un commerce intensif pendant la période de production, particulièrement le long des axes routiers.
Tout comme ce PFNL, le raisin, le néré et la liane goïne (le saba senegalensis), font l’objet d’un commerce intensif sur ce même axe. Le hic est que le plus souvent, ces fruits sont cueillis précocement. Habibou Zongo, habitante du village de Ramongo (Boulkiemdé), fait savoir que cela fait 4 ans, que les femmes n’ont plus de bonnes amandes pour produire le beurre de karité, du fait que le karité est en voie de disparition et en plus, les fruits sont cueillis immatures. 4e produit d’exportation du Burkina Faso, le karité est un trésor pour les femmes et représente une importante source de revenus qu’elles obtiennent à travers la vente des amandes et le beurre. Mme Zongo souhaite que les forestiers interdisent la vente de ces fruits immatures sur les axes routiers, afin que les arbres puissent être protégés. Elle souligne, que ce sont généralement les femmes, qui cueillent le néré (Parkia biglobosa) précocement.
Fati Ouédraogo de Yaoghin dans la commune rurale de Poa, confie qu’à chaque période de l’année, entre les agents des Eaux et forêts et les enfants, c’est le‘’sauve qui peut’’. « Les agents sillonnent les champs pour mettre en garde les fautifs, adultes et enfants qui cueillent les fruits non murs, surtout le karité. Lorsqu’ils les surprennent, c’est la débandade, mais ils n’abandonnent jamais », déplore-t-elle. La pauvreté est aussi un des facteurs qui pousse souvent les jeunes à s’acharner sur les ressources. Ils coupent le bois vert et n’attendent pas la maturation des fruits. Le Koglwéogo de Poa, le sexagénaire Boukaré Soumabingbeogo, indique que l’arbre n’apprécie pas cette manière de s’obstiner sur lui. « Au temps de nos ancêtres, on ne cueille pas un fruit immature. S’il est récolté précocement, l’arbre peut se retourner contre toi et cela peut te donner certaines maladies et souvent même l’infertilité. Si le fruit est cueilli mur c’est pour le manger et non le vendre », justifie-t-il. Il dit pouvoir interdire ses enfants à la vente de ces produits. Ils ne les cueillent que pour la consommation.
Les lianes mûres et transformées en…
Si dans la province du Boulkiemdé, le karité est vendu sur les axes et dans les marchés, dans celle de la Léraba (Sindou), ce fruit ne se vend pas. Il est cueilli mûr au pied de l’arbre et consommer. Les amandes murissent bien et le beurre de karité est de bonne qualité. Cependant le phénomène le plus criard cette année dans la région des Cascades, est la cueillette des lianes goïnes immatures, surtout les mois de février, mars et avril. Courant le mois d’avril, la direction provinciale de l’Environnement de la Léraba, a saisi plus de 500 sacs de 100 kilogrammes de ce PFNL, en partance pour la Côte-d’Ivoire et le Mali. Un camion remorque qui se dirigeait vers le Sénégal a été également appréhendé et saisi. Les agents de la préservation de l’environnement, ne savent pas pourquoi les populations s’obstinent sur ce produit non mûr. « Ce produit est commercial certes, mais au-delà de la consommation, nous aurions appris que ces pays de la sous-région sollicitent ces produits immatures, pour la fabrication du vinaigre et d’autres produits, mais nous ne pouvons pour le moment pas donner une réponse concrète de ce qu’ils font avec nos lianes », avouent-ils, tous remontés.
…Jus, donnent un bon goût et peuvent être conservés pendant plus d’une année.
Des transformatrices locales existent, malheureusement elles ne sont pas bien équipées pour prendre de grandes quantités de lianes et en plus, le problème de conservation demeure un handicap. Le directeur régional en charge de l’Environnement des Cascades, Hassime Rabo, définit les PFNL, comme des biens de la brousse, biens biologiques, en dehors du bois, de la faune et des insectes. « Selon le rapport du 2e inventaire national forestier, la région des Cascades pourrait être la première, en matière de PFNL, du fait de l’existence de nombreuses forêts fournies en termes de végétation et d’espèces que certaines régions ne possèdent pas », confie t-il.
La loi interdit, les populations persistent !
Solange Marie Eméline Zoma du Secrétariat permanent/REDD+, affirme que la cueillette des fruits immatures ne permet pas la régénération des arbres, parce qu’il n’y aura pas de semences de bonne qualité pour produire les mêmes espèces dans les années à venir. « Quand les fruits sont mûrs, il ya des chances de régénération, car les graines qui mûrissent germent et poussent pour remplacer les grands arbres. REDD+ a pris-à-bras-le corps, la sensibilisation des populations. Ces dernières savent que la cueillette est punie par la loi, mais elles insistent », martèle-t-elle. M. Rabo de renchérir que sans fruits, il n’y a pas de régénération. Si les populations continuent avec cette pratique, à un certain moment, à son avis, l’espèce va d’une part diminuer et entrainer une dégradation des sols.
Le directeur régional de l’Environnement des Cascades, Hassime Rabo : « La végétation est bien fournie dans les Cascades, si bien que les populations ne perçoivent pas les dangers de la cueillette des PFNL immatures »
D’autre part, elle va compromettre la sécurité alimentaire, l’éducation environnementale et la pharmacopée. Pour le directeur régional, les fruits sont généralement cueillis dans les champs, les forêts classées et protégées. Le Saba Senegalensis est plus cueilli dans les champs. Il est épargné selon lui, lors des défriches et il est issu de la régénération. Le ‘’défenseur’’ de l’environnement souligne que la loi interdit la cueillette des fruits immatures. Si les forestiers saisissent les contrevenants, l’amende peut aller à un million F CFA, voire plus et cela dépend de l’infraction. Le directeur provincial en charge de l’Environnement de la Léraba, Harouna Sandwidi, confie que les fautifs des 500 sacs de lianes ont été amendé à 225 000 F CFA et la remorque à 700 000 F CFA.
Si le fruit est cueilli précocement, le processus de développement de l’arbre va s’interrompre et cela …
Des textes existent certes, mais certains individus malintentionnés continuent de tenir mordicus. Le chef de service du département de l’Environnement, Adrien Nabié note que ces derniers mettent les lianes immatures au fond des sacs et les couvrent avec celles déjà mûres, pour tromper leur vigilance mais parfois ils ne leur échappent pas. « Lorsqu’ils sont auditionnés et amendés, ils prennent leurs jambes à leur cou. D’autres quittent leur localité ou carrément le pays, sans s’acquitter de leurs amendes », explique un forestier. La commerçante Abibata Traoré (nom d’emprunt), qui convoyait des sacs de ces produits immatures pour la première fois vers la Côte-D’Ivoire, a été amendé à 400 mille F CFA. Elle a dû régler à l’amiable, 50 000 F CFA, car elle avoue ne pas savoir que la cueillette était interdite. Ahmed Coulibaly (également nom d’emprunt), chef dans une gare routière à Banfora (Comoé), s’est fait prendre deux fois par les services forestiers. Après avoir payé les deux amendes successivement à 400 mille F CFA et un montant plus exorbitant, il s’est reconverti. Pour lui, plus question de cueillir ou d’acheter ces fruits immatures, qui lui font dépenser plus d’argent.
… Peut entrainer la migration de certaines espèces animales vers d’autres contrés.
Le directeur général de l’Economie verte, Saïdou Mahoumoudou Soro, pense qu’il est souhaitable, que ce qui appartient à tout le monde soit préservé, car si le fruit est cueilli précocement, le processus de développement de l’arbre va s’interrompre. « Nous ne pouvons pas accepter des pratiques non recommandables, qui peuvent affecter sérieusement les ressources forestières. La ressource est disponible et il faut que les gens attendent que les fruits murissent sur l’arbre avant de les cueillir », avertit-t-il. Avec la situation sécuritaire, où certaines PDI s’obstinent sur les ressources forestières, le chargé de Programme-Centre/Tiipaalga, Serge Zoubga, estime que les agents des Eaux et Forêts doivent être souples, en priorisant les sensibilisations et l’accompagnement. « Nous ne pouvons pas empêcher aux PDI, la cueillette des fruits immatures, surtout pour une question de vie ou de mort. Seulement il faut travailler dans la durée pour limiter les dégâts et se préparer à restaurer ces zones à la fin de la crise », détaille-t-il. Il y a des lois, mais il dit reconnaitre que les femmes et les éleveurs ne sont pas les plus grands destructeurs des arbres. Combien de camions rentrent à Ouagadougou avec du bois tous les jours? Se demande t-il? « Si les forestiers peuvent donner des permis à ces conducteurs et aux agriculteurs de couper les arbres et cultiver, qu’ils acceptent aussi que les éleveurs prélèvent les fourrages aériens pour leurs animaux, en leur montrant des techniques de prélèvement pour limiter les dégâts. Si la loi interdit, qu’elle interdise des deux côtés », s’indigne-t-il. A l’entendre, Tiipaalga, c’est l’arbre pour la vie et sa mission, est d’accompagner les producteurs et les familles paysannes à se prendre en charge et en restaurant leur capital naturel, pour produire plus durablement et accroitre leurs revenus dans un contexte de changement climatique.
Pour le directeur général en charge de l’Economie verte, Saïdou Mahoumoudou Soro, des alternatives doivent être trouvées, pour que les populations puissent vivre de l’arbre.
Pour le cas des PDI, le directeur régional fait savoir que les agents des Eaux et forêts sont sensibilisés à être souples envers ces personnes. M. Zoubga, soutient que si de par le passé, il y avait beaucoup d’interdits, c’était pour permettre que les premiers fruits mûrs qui tombent, soient de qualité et puissent se régénérer. C’est la raison pour laquelle selon lui, certaines traditions étaient faites avant la consommation. « Si de nos jours, nous voulons éviter la cueillette des fruits immatures, il faut que nous impliquions les responsables traditionnels », se convainc-t-il. Le chef coutumier des pics de Sindou, Bamori Ouattara, explique que leurs rituels sont faits généralement dans des forêts touffues d’arbres à lianes et la cueillette de ces fruits non mûrs est interdite, tout comme les autres PFNL. « La sanction sur les lianes est mortelle, raison pour laquelle nous avons retourné la ‘’balle‘’ dans le camp des forestiers, afin qu’ils punissent sévèrement les contrevenants », s’offusque-t-il. Pour le néré, le chef de service, Adrien Nabié, affirme que la mayonnaise commence à prendre, à travers des sensibilisations, car depuis quelques années, dit-il, ce fruit est cueilli sec sur l’arbre.
Le produit transformé perd son goût
Le directeur général de l’Economie verte et du changement climatique, Saïdou Mahoumoudou Soro, note que, quel que soit le type de fruits, s’il est cueilli immature, cela va jouer sur la qualité des produits transformés. Monique Sirima est transformatrice de céréales et de PFNL à Banfora. Elle indique que les lianes bien mûres réussissent dans la transformation du jus. « Celles cueillies immatures et laissées mûrir, jouent sur le goût et la couleur du jus. Mon produit va jusqu’à Ouaga et je préfère qu’il soit de qualité pour ne pas perdre la clientèle », confie-t-elle. Pour le cas du karité, M. Soro, affirme que le beurre de karité du Burkina Faso est très compétitif par rapport à celui des autres pays et il n’est pas tolérable que des acteurs veuillent compromettre cette qualité. Une étude menée sur le karité en 2017, selon lui, a conclu que la seule filière karité génère par an, 114 milliards F CFA. Ce chiffre est sur la base de la valorisation de 30% seulement de la production et le pourcentage représente les fruits récoltés et ceux tombés de l’arbre. « Pour dire que sur 100 amandes, 30 seulement ont pu être valorisées. Si nous arrivions à valoriser 60%, ce serait le double des 114 milliards F CFA. Il faut que nous mettions l’accent sur la transformation, car nous perdons beaucoup en exportant les amandes brutes », reconnait-il. Le néré dont les graines sont recherchées dans la production du soumbala, impacte également sur la qualité de transformation si le produit est récolté précocement. A entendre le directeur général du Commerce, Honoré Yonli, le Burkina Faso exporte annuellement en moyenne selon la balance commerciale, un peu plus de 100 000 tonnes d’amandes de karité vers le Ghana, Danemark, Togo, l’Inde et la Côte-d’Ivoire. Le Ghana occupe la première place avec une proportion de 46,96%, le Danemark 37,02% et le Togo 18,10%.
Quant au beurre de karité, la quantité moyenne annuelle exportée est d’environ 20 000 tonnes. « Ce qui représente environ 2% du marché mondial du beurre de karité, estimé à plus de 2 millions de tonnes par an. Les principaux pays de destination du beurre de karité sont le Ghana, la France, la Malaisie, le Pays-Bas et l’Allemagne », dti-il. M. Yonli dit regretter cependant, qu’en 2006, que des amandes de karité burkinabè à destination du Ghana soient rejetées, en raison d’un taux d’humidité élevé, qui a occasionné beaucoup de pertes d’amandes contenues dans plus d’une dizaine de camions. « Au cours de ces dernières années, nous constatons toujours des cas isolés, mais dans des proportions moins importantes, et ce, grâce aux efforts du gouvernement, ainsi que les partenaires pour accompagner les acteurs », se réjouit-il.
Selon la direction générale du Commerce, en 2006, les amandes de karité burkinabè à destination du Ghana ont été rejetées, en raison de la mauvaise qualité.
La consommation des fruits sauvages de l’avis des spécialistes de la santé, nuit à la santé des populations, si toutefois, la cueillette n’a pas été conforme. Le nutritionniste, en charge de fortification et de la sécurité sanitaire des aliments, Abdoulaye Gueye, souligne qu’une cueillette précoce peut affecter la teneur en vitamines d’un fruit, mais cela dépend aussi de son comportement climactérique ou non climactérique. Il explique que les fruits climactériques continuent à mûrir, même après avoir été récoltés, parce qu’ils produisent selon lui, de l’éthylène, un gaz qui accélère leur maturation. « Si ces fruits sont cueillis avant le début de la phase de production d’éthylène, ils resteront immatures. S’ils sont cueillis après ce stade, ils continueront de mûrir même après la récolte », clarifie-t-il. Cependant, les fruits non climactériques, fait savoir le nutritionniste, comme le raisin, les lianes, le karité et le néré, ne produisant pas d’éthylène, doivent être cueillis à maturité, car ils ne mûriront plus après la récolte. Ils ont généralement moins de vitamines minéraux et antioxydants que les fruits mûrs. Leur teneur en sucres et en acides n’augmente pas une fois cueillis. M. Gueye conseille que les lianes soient cueillies à l’état mature, car elles renferment une variété de vitamines bénéfiques pour la santé, parmi lesquelles, la provitamine A (bêta-carotène) qui est un antioxydant qui contribue à la santé des yeux et à la prévention de la dégénérescence maculaire, liée à l’âge, la vitamine C, un puissant antioxydant qui protège les cellules contre les radicaux libres et favorise la santé immunitaire, la vitamine K qui joue un rôle essentiel dans la coagulation sanguine et la santé osseuse.
Plus de 80 mille hectares de forêts perdus annuellement
Malgré les efforts de reboisement, avec des milliers de plants mis en terre chaque année, les autorités tirent la sonnette d’alarme devant le taux de dégradation élevé des forêts au pays des ‘’Hommes intègres’’, déjà confronté à de nombreux défis environnementaux et socio-économiques. L‘Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), révèle que le pays se situe dans la zone rouge actuellement, en raison de la dégradation accélérée des forêts, qui affecte également les terres cultivables. Lors de la VIe édition de la Journée nationale de l’arbre (JNA), tenue en juin dernier, sous le thème : « Arbre, capital de résilience pour un développement endogène », le ministre en charge de l’Environnement, Roger Baro, en se référant aux statistiques sur l’occupation des terres au Burkina Faso de 2000 à 2022, note que la régression des superficies forestières est estimée à 83 584,29 ha par an. « C’est la raison pour laquelle, la JNA se veut un cadre de prise d’actions vigoureuses et urgentes pour la restauration du couvert végétal. Depuis la 1e édition, la JNA a permis de planter plus d’un million d’arbres dont une majorité d’espèces locales, sur des sites sécurisés et équipés de points d’eau avec un taux de survie estimé à 70% », précise-t-il.
Le sexagénaire Boukaré Soumabingbeogo, indique que tous les arbres soignent et ils doivent être protégés.
Si des milliers d’hectares de forêts sont perdus chaque année, dû aux effets du climat, l’action anthropique n’est pas non plus à occulter. De l’avis du chargé de Programme-Centre/Tiipaalga, Serge Zoubga, de nombreuses communautés ou des personnes vulnérables, se rabattent sur les ressources forestières, surtout quand elles ont des difficultés. « 23% des revenus des populations, surtout en milieu rural, viennent des ressources forestières. Il faut que nous préservions les formations forestières », conseille-t-il. Le directeur régional, Hassime Rabo, plaide pour une implication des populations dans toutes les actions de gestion. « Pour les forêts classées, il faut qu’il y ait un plan d’aménagement, où beaucoup d’activités sont inscrites dans le temps et dans l’espace. Et c’est à travers ce plan que nous pouvons mieux protéger nos forêts », suggère-t-il. La Réduction des émissions de gaz à effet de serre dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD+), affirme qu’une étude commanditée par le Burkina en 2019, révèle que la surexploitation des PFNL (1237ha/an), occupe la 6e place en matière de déforestation et de dégradation des forêts, après l’expansion agricole, l’exploitation de bois-énergie, le surpâturage, l’exploitation minière et les feux de brousse. Cette surexploitation des PFNL, notamment la cueillette prématurée des fruits, joue également sur l’espèce animale.
Le directeur régional, Hassime Rabo, souligne que la forêt constitue l’habitat et l’alimentation des animaux sauvages et une fois qu’elle est dégradée, elle impacte sur leur vie. « Même pour certains animaux domestiques qui ont besoin du fourrage, dès que l’espèce végétale disparait, cela impacte sur l’élevage », déplore-t-il. Pour le directeur provincial, Harouna Sandwidi, les lianes mûres jouent un rôle important dans la chaine alimentaire de plusieurs espèces sauvages, à savoir les oiseaux, les singes etc., à une période donnée. Il indique que la nature est faite d’équilibre et la modification de la capacité productive d’une espèce peut rompre cet équilibre. « Lorsque les fruits sont cueillis immatures, cela peut entrainer la migration de certaines espèces animales. Dans des forêts où il existe des mares, les animaux sont touchés par cette cueillette, car non seulement, leurs chaines alimentaires sont affaiblies et leur quiétude est aussi menacée par la présence humaine», justifie-t-il.
Les lianes saisies immatures sont détruites et les fautifs amendés, selon la gravité de la faute.
A la Ve édition de la JNA tenue en juillet 2023, le directeur général des Eaux et forêts, le Colonel Barnabé Kaboré, fait ressortir au cours d’un panel, qu’à partir de 2016, le karité est passé de 306 millions de pieds à 211 millions, le Saba Senegalensis de 2 millions 215 mille pieds à un 1 millions 491 mille pieds. Face à cette situation alarmante, Serge Zoubga de Tiipaalga, recommande que l’Etat ne possédant plus de terres, compte tenue de ‘’l’équation’’ difficile du foncier, qu’il soutienne la foresterie privée, en accompagnant les propriétaires terriens, qui ont déjà des projets porteurs dans le domaine de la reforestation. Pour Hassime Rabo, le fait que les populations tirent leurs revenus dans les ressources forestières, elles ont intérêt, conseille-t-il, à protéger les forêts, parce que certains rituels se font aussi dans les forêts. Des défenseurs de l’environnement plaident pour la mise à leur disposition, des moyens techniques et financiers, car des contrôles sont faits, mais certains ‘’fraudeurs’’ leur échappent souvent. Pour un développement harmonieux des PFNL, le directeur régional en charge de l’Environnement des Cascades, insiste sur la formation, la synergie d’actions, l’encadrement des acteurs par des partenaires et surtout la sanction.
Afsétou SAWADOGO
Encadré :
« Que dit concrètement la loi sur la cueillette des fruits immatures ?
Dans son article 46 alinéa 1, il ressort que tout acte pouvant nuire ou dégrader l’équilibre des forêts est interdit. Cette pratique compromettante pour la pérennité des espèces est punie par le Code forestier du Burkina Faso à son article 266. A l’article 226 alinéa 4, sont punis d’une amende de 10 000 F CFA à 300 000 F CFA, ceux qui procèdent à la cueillette des fruits non arrivés à maturité complète. L’article 265 quant à lui, punit les fautifs d’un emprisonnement de 6 mois à 3 ans et d’une amende de 10 000 F CFA à 2 000 000 F CFA ou de l’une de ces deux peines seulement : ceux qui réalisent des activités d’exploitation commerciales des produits forestiers sans autorisation préalable et ceux qui procèdent au stockage ou au transport des produits forestiers sans autorisation. »
Source : Direction provinciale de la Léraba