L’histoire des hommes et celle des nations ont en commun d’être rarement un long fleuve tranquille. Elles sont toujours dessinées et forgées par des évènements nouveaux, des drames et des difficultés qui ne peuvent manquer de donner l’occasion de se réinventer, de redéfinir le rêve commun et les priorités.
C’est pourquoi Nietzsche a pu écrire que « la tragédie est la mère de la civilisation ».
Le Burkina Faso en est à cette étape de son histoire, que les acteurs devraient transformer, afin de faire naître un Burkina Faso nouveau.
Nous avons, à travers les derniers évènements difficiles que nous avons connus et tout au long de notre histoire, pu mesurer la résilience de notre pays, la présence sans faille de ses piliers stabilisateurs que sont nos autorités religieuses et coutumières.
Leur contribution est à saluer ; elles méritent cette reconnaissance pour le rôle qu’elles seront toujours amenées à jouer pour épargner à notre pays les drames que les autres ont vécu, par les conseils et les appels à toujours privilégier l’intérêt commun et la tempérance dans l’expression de nos divergences.
Car si nous traversons des difficultés, c’est bien du fait des intérêts particuliers et des extrémismes qui nous amènent souvent à douter de notre socle commun, de notre contrat social et de la réalité des coexistences communautaires pacifiques.
Il revient à chacun de nous de préserver le Burkina Faso en protégeant l’intérêt commun et en appelant à sa protection et à sa sacralisation. Il n’y aura jamais d’avenir dans un pays où se battent les égos et se combattent les intérêts divergents.
Il nous sera difficile d’accorder nos visions, de recueillir les contributions de tous pour la bonne marche de notre pays aussi longtemps que nous ne ferons pas du dialogue la colonne vertébrale de nos collaborations comme l’arbre à palabres était la place centrale dans l’histoire de nos sociétés.
Par le dialogue, la tempérance et la primauté que nous accorderons à l’intérêt du plus grand nombre, nous pourrons convaincre chacun qu’il a sa place aux côtés des autres et son mot à dire dans les concertations.
C’est l’unique solution pour bannir les méfiances entre les communautés, le sentiment d’ostracisme et les replis sur soi.
C’est cette lourde responsabilité que doivent porter les nouvelles autorités qui seront choisies par les assises nationales.
Mais elle leur sera d’autant plus facile à porter qu’elles pourront tirer parti des expériences des précédentes transitions et des autres gestions de la chose publique, afin de ne plus rééditer leurs erreurs et de se focaliser sur les attentes des populations maintes fois serinées et jusque-là peu entendues : la sécurité, la réinstallation des personnes déplacées dans leurs terroirs, la vie chère, la réconciliation des cœurs et des communautés.
Malheureusement, un phénomène nouveau et pernicieux s’invite dans notre contexte : la propagation de fausses nouvelles appelant à des manifestations violentes et visant à dresser des communautés les unes contre les autres, des factions de l’armée contre d’autres et à s’en prendre à des autorités coutumières et religieuses.
Ce serait une voie sans issue et une erreur dont notre pays paiera pour longtemps les conséquences si de telles rumeurs n’étaient pas stoppées. Aucune cause ne peut excuser la violence gratuite et aucune nation ne sort indemne de confrontations sectaires.
Combattre ces rumeurs devrait être un autre champ de bataille de ceux sur qui porteront les choix des autres pour gouverner notre pays, si elles veulent travailler dans la sérénité et dans l’unité des cœurs déjà meurtris par les affres terroristes, la crise humanitaire et autres.
Nous rappellerons que la concertation continue, l’implication de tous, la considération de l’intérêt général, le dialogue, la sincérité dans le discours et la tempérance dans l’expression de nos avis et divergences seuls garantiront le succès de cette nouvelle transition dans l’intérêt de tous.
Puisse Allah venir au secours de notre cher pays le Burkina Faso.
Le Bureau Exécutif National