En prélude aux assises nationales qui vont se tenir les 14 et 15 octobre 2022 à Ouagadougou, au cours de laquelle la charte de la transition sera adoptée et le président de la transition désigné, nous avons recueilli l’avis de quelques burkinabè sur la tenue des assises et leur choix sur le futur président de la transition.
Christophe Zongo, Inspecteur de l’enseignement secondaire
« Ces assises encore, c’est comme une sorte de débat inutile et de débat qui vont davantage diviser l’opinion »
Moi, je ne vois pas l’opportunité des assises nationales, comme les nouvelles autorités l’on signifié le pays se trouve dans une situation d’urgence, tout est urgent et il faut aller à l’essentiel. Nous avons fait l’économie des deux pouvoirs à savoir le régime civil et militaire pendant les deux transitions que nous avons connu. Nous avons une idée de certaines insuffisances. Ces gens ont pris le pouvoir pour corriger et aller dans le sens de la résolution du problème qui est celui de la sécurisation du pays. Nous savons ce que nous voulons il faut aller à l’essentiel commencer à voir comment organiser le mode de gouvernement en désignant les hommes qu’il faut mettre en place pour former un gouvernement pour que les institutions fonctionnent normalement. Ces assises encore, c’est comme une sorte de débat inutile et des débats qui vont nous diviser davantage. Si des gens ont pris le pouvoir c’est pour assumer cette responsabilité.
Yirpaluité Abdoul Rachid Zongo, secrétaire chargé à l’information et au plaidoyer du Réseau d’association et mouvement des jeunes pour un développement durable : (RAMJDD)
« Le capitaine Ibrahim Traoré a l’onction du peuple et ce n’est pas sûr qu’un civil à la tête de cette nouvelle transition sera accepté par la majorité des burkinabé. »
Pour la question du choix d’un civil ou du capitaine Ibrahim Traoré, je pense que ce n’est plus un secret de polichinelle. Le peuple a déjà fait son choix et ce choix est porté sur la personne du capitaine Ibrahim Traoré qui devra conduire cette transition à bon port. Le capitaine Ibrahim Traoré a l’onction du peuple et ce n’est pas sûr qu’un civil à la tête de cette nouvelle transition sera accepté par la majorité des burkinabé. Il faut dire qu’aujourd’hui toute la jeunesse burkinabé se reconnait à travers ce jeune capitaine qui a eu le courage, la pugnacité de dire haut et fort qu’il travaillera à diversifier nos partenaires, ce que d’autres dirigeants n’ont pas eu le courage de faire. Et ça, ça sous-entend qu’il travaillera avec la Russie. Et je pense que ça c’est déjà un acte fort et nous devons l’encourager dans ce sens. Il faut comprendre que notre lutte est générationnelle. La mentalité de la jeunesse africaine à changer, nos yeux se sont ouverts à la surexploitation de nos ressources minières, à la manœuvre du néocolonialisme. C’est pourquoi tout doit changer avec notre génération et nous pensons que le capitaine Ibrahim Traoré est l’homme qui peut faire ce changement, l’homme qui va tracer les signons d’un Burkina Faso nouveau, un Burkina Faso débarrassé de tous ses greffes coloniaux. C’est lui que la jeunesse veut pour conduire la transition et nous allons le soutenir. Pour la mise en place de son gouvernement, je souhaite que le capitaine Ibrahim trouve des personnes de bonne moralité et jouissant d’une bonne probité pour l’aider à gérer la transition. D’office je souhaite que ça soit en majorité des jeunes, pas plus de quarante-cinq ans et je me dis que le moment est venu pour les jeunes de s’assumer et de prendre en main leur destin, de montrer de quoi ils sont capables. Il y a beaucoup de compétences au sein de la jeunesse burkinabé, ensemble osons le changement.
« un militaire à la tête de l’Etat créera une division au sein de l’armée »
Il serait difficile pour un d’être président de la transition. Si le capitaine Traoré est désigné président de la transition, cela va créer plus de division au sein de l’armée. Pour ma part, je pense qu’on gagnerait à désigner un civil pour le poste de la présidence et un autre poste pour le capitaine Ibrahim afin qu’il épauler le président. Concernant les assisses je n’ai pas grand-chose à dire là-dessus. C’est dans le but d’élaborer la charte de la transition ou bien ? Si c’est pour élaborer la charte de la transition, je ne vois pas son importance. Se réunir pour faire des débats, c’est inutile à mon sens.
Jacques Nikiéma, agent comptable
« C’est au pied du mur qu’on connait le vrai maçon »
Le capitaine Ibrahim Traoré, ou je ne le connais pas, j’ignore son parcours à part certains écrits sur lui. Souvent, il ne faut pas se voiler la face. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de bonne personne, il y en a mais personne n’est parfaite. Si on parle du bien de quelqu’un ça sous-entend qu’on ne connait pas la personne d’abord. C’est vrai, nous le voulons au pouvoir mais soyons réalistes car c’est au pied du mur qu’on connait le vrai maçon. Je pense qu’il a bien commencé en en ravitaillant les zones à fort défi sécuritaire. S’il est désigné président de la transition, je l’invite à être à l’écoute de son peuple. Il faut qu’il soit accompagné par des personnes qui sont aptes à travailler pour l’atteinte de l’objectif premier qui est la sécurisation du pays. Cette sécurisation va avec la sécurisation des jeunes. Pour ce faire, il faut créer beaucoup d’emplois pour les jeunes. Quant à la tenue des assises, je suis d’accord avec les assises, il le faut, il faut qu’il écoute les gens, les assises c’est un cadre d’échange, de débat.
Judicaël W. Saturnin Tapsoba, étudiant en master et président du conseil national de la jeunesse de l’arrondissement 3
« si tout est vraiment urgent comme il le raconte, les assisses ne sont pas les bienvenues »
Que le président soit un civil ou un militaire, nous avons tous besoin de celui-là qui fera l’affaire c’est-à-dire la personne qui va restaurer l’intégrité territoriale. A mon humble avis, le capitaine Traoré devrait être le président de la transition d’autant plus qu’il a lui-même affirmé qu’il a été choisi. Mon intuition me dit que si le capitaine n’est pas nommé à l’issue des assises comme président, on va assister à des manifestations de la part de la population. Pour l’organisation des assisses personnellement, je ne vois pas son importance vue que les putschistes ont déclaré que Damiba a dérouté et ne veulent plus de lui comme président du MPSR. Je crois que s’il a dérouté, il y avait forcément une directive à suivre. Pourquoi ne pas suivre cette directive ? En outre, le capitaine a signifié que tout est urgent au Burkina Faso. Si tout est urgent pourquoi s’attarder sur des assisses avant de commencer le travail. Non, si tout est vraiment urgent comme il le dit, les assisses ne sont pas les bienvenues. Je profite pour lancer un appel à la jeunesse de rester unis pour les mêmes objectifs de sortie de crise.
Inoussa Ouédraogo, étudiant master en gestion d’entreprise
« le capitaine sera le président de la transition »
Sur le choix du président, il n’y a pas un choix à faire, on ne peut pas épiloguer là-dessus. Le capitaine Ibrahim à fait son coup d’état, il doit on s’assumer et gouverner. Pour moi, le capitaine sera le président de la transition. Si on va dans un choix de président autre que le capitaine, on va créer des précédents très graves pour la nation, puisque sur les réseaux sociaux, il circulait des messages telles que le capitaine ne doit pas être président vu son âge et son ethnie. Si à l’issue des assises, il ne l’est pas cela peut engendre des manifestations de la part des manifestants qui l’on soutenu lors des évènements. Je pense qu’il faut le maintenir obligatoirement le capitaine. Les assises, il est nécessaire de les organiser je pense qu’il faut une certaine légitimité.
Boris Yaméogo, médecin
« Je n’ai pas d’attentes particulières pour ces assises »
Je n’ai pas d’attentes particulières pour ces assises. Les assises, c’est juste des formalités dont on pourrait se passer. C’est sûr que ça serait des histoires de pour et de contre. C’est clair. Damiba quand il est venu, il en avait fait. Quels résultats nous avons obtenu par la suite ? Ces assises ne pourront pas empêcher le futur président de la transition de faire ce qu’il veut. Le capitaine a indiqué que les choses n’avancent pas vite et bien et il faut se débrouiller pour que les choses avancent vite et bien, qu’il se batte pour cela, au lieu de nous faire perdre du temps, nous faire perdre de l’argent. Le pays n’a pas besoin de ça, le pays a besoin des résultats, d’une grande avancée et un grand changement. On est prêt à vivre ce qu’il y a à vivre comme misère pour retrouver cette liberté et cette paix d’antan. Après cela on pourra nous donner des institutions et tout. Pour ce qui du choix du président quant à son statut de civil ou de militaire, au Burkina Faso actuellement si un civil s’hasarde à prendre le pouvoir, je peux vous assurer que pour un rien l’armée redescendra dans la rue pour le chasser. On a atteint un niveau ou l’armée nous a contraints à respecter sa force en ne prenant que des militaires au sommet de l’Etat. Je pense que nous sommes à un niveau ou nous ne pouvons pas envisager un civil, parce que dès que l’armée ne sera pas d’accord avec une quelconque décision, elle refusera d’exécuter les ordres comme il se doit et la paix va encore disparaitre ou du moins la paix va encore devenir plus précaire et là on va se retrouver avec des terroristes qui vont prendre le pouvoir. Apparemment, j’ai l’impression que les gens n’ont pas compris que c’est dans l’intérêt supérieur de la nation que nous soyons dans la paix. Les gens veulent faire leurs revendications inutiles, futiles. Il y a un refus quelque part, de certaines personnes qui font qu’on ne peut pas se passer vraiment d’un président militaire. Si on s’amuse, ce sont les mêmes militaires qui vont foutre le « bordel ». Et j’avoue qu’on arrive à un stade ou nous-mêmes nous sommes à la limite des prisonniers de nos propres militaires qui nous dirigent, parce qu’ils veulent coûte que coûte dicter leur loi et si on ne part pas dans le même sens qu’eux, le pays ne va jamais avancer. De ce fait, je pense qu’il serait mieux que le capitaine Traoré s’assume. S’il réussisse à nous accorder un certain de stabilité, il peut organiser les choses comme il se doit et puis on aura un président civil, sinon à l’heure-là, je pense que cela n’est pas envisageable.
Propos recueillis par Kiswendsida Myriam OUÉDRAOGO