Procès Thomas Sankara : le témoignage de Ernest Nongma Ouédraogo n’apporte rien, Mousbila Sankara regrette d’avoir aidé naïvement Blaise Compaoré

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Ernest Nongma Ouédraogo a remplacé Philippe Ouédraogo à la barre en tant que témoin. Il est commissaire de police à la retraite et actuel maire de la commune rurale de Tema-Bokin sous la bannière de L’UNIR- MPS (Union pour la renaissance-Mouvement patriotique sankariste). Après lui, ce fut le tour de Mousbila Sankara ce lundi 29 novembre 2021.

 

Au moment des faits, il était ministre de l’Administration du territoire et de la sécurité dans le gouvernement du Conseil national de la révolution (CNR).

À la barre, le témoin refuse tout commentaire, il évite surtout de citer des noms et survole toutes les questions, a fait remarquer le président du Tribunal. D’ailleurs, les tentatives de ce dernier, de lui tirer les vers du nez, sont restées vaines.

Comme exemple, le président est revenu sur un témoignage qui dit que le 14 octobre 1987, Vincent Sigué, chef de la sécurité de Thomas Sankara, serait allé chercher des armes à l’Escadron de transport et d’intervention rapide (ETIR), à Kamboinssin. « Je n’en sais rien » répond brièvement l’ex-ministre en charge de l’administration du territoire et de la sécurité du CNR.

« Nous nous sommes suffisamment occupés de nos ennemis, il est temps que nous nous occupions de nos amis », cette déclaration serait de Ernest Nongma Ouédraogo, lors d’un conseil de ministres.

Selon le parquet, ce serait cette déclaration qui aurait mis le feu aux poudres. Ernest Nongma Ouédraogo ne se souvient même pas l’avoir dit, à plus forte raison de mettre la poudre à quoique ce soit.

« Je ne crois pas avoir dit cela. C’est peut-être une interprétation », se dédouane-t-il.

On peut tout de même retenir de son témoignage, qu’après les tueries du 15 octobre 1987, il a été incarcéré pendant près d’une année, dans un premier temps, à la gendarmerie et après au conseil de l’Entente.

Après lui, c’était au tour de Mousbila Sankara, ambassadeur du Burkina Faso en Libye au moment des faits.

« Je ne peux pas dire grand-chose du 15 octobre 1987, parce que je n’étais pas là. J’étais à la 49e session des nations unies à New York. C’est en pleine réunion donc que j’ai appris ce qui se passait au Burkina Faso. Ma délégation et moi, nous nous sommes tout de suite démobilisés. J’ai essayé de joindre le conseil de l’Entente. Et quand j’ai finalement eu Blaise Compaoré, il me dit en larmes : on nous a eu, j’ai été débordé. Ce que je vais te demander c’est de rejoindre ton poste et de nous aider avec du matériel de maintien de l’ordre », relate-t-il.

Chose qu’il fit avant de se rendre compte qu’il était « berné ». « Moi Mousbila, c’est ce qui me fait très mal. Je l’ai cru naïvement et j’ai fait venir du matériel en demandant au Niger et à l’Algérie, de laisser traverser leur espace aérien pour que le Burkina Faso puisse entrer très rapidement en possession du matériel. Je ne savais pas que mon bec était dans l’eau », regrette-il.

Il dit être entré au pays un certain 3 août 1989, incarcéré à la gendarmerie, ensuite au conseil de l’Entente du 23 décembre 1989 au 7 avril 1991. « A la gendarmerie, on ne faisait que me frapper. Après quelques mois passés à la gendarmerie, on m’a transféré au conseil de l’Entente. Mon vieux, je peux dire que mon séjour à la gendarmerie, était un séjour dans un hôtel cinq étoiles comparativement au conseil de l’Entente », déclare-t-il avec amertume.

Au conseil de l’Entente, l’ex ambassadeur du Burkina Faso en Libye soutient que les tortures y étaient inhumaines. Parmi eux, se trouvait un détenu en phase terminale du VIH Sida. D’après lui, on le rasait avec une lame et c’est la même lame qui est utilisée pour raser les autres. Lui y compris. Il à même cité le nom de certains de ses bourreaux. Il s’agit entre autres de Boureima Keré, aide de camp de Blaise Compaoré à l’époque, le lieutenant Oumar Traoré et un certain Moumouni Ouédraogo.

La séance du jour a été suspendue au moment où les témoignages de M. Sankara atteignaient sa vitesse de croisière. Le rendez-vous est pris pour demain pour la suite de son témoignage.

Timothée HIEN

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