Lutte contre le terrorisme : comment courir en s’habillant, le ministre de la défense s’explique face aux députés

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Les députés ont reçu le ministre de la défense nationale et des anciens combattants Barthélémy Simporé, le vendredi 26 novembre 2021, pour répondre à des questions orales suivies de débat faisant suite à l’onde de choc après l’attaque du détachement de gendarmerie d’Inata.

 

Une vague de colère, voire d’indignation, a saisi plusieurs Burkinabè après les circonstances de l’attaque du détachement de la gendarmerie d’Inata, mais le gouvernement se veut confiant en présentant des perspectives plutôt optimistes dans la lutte antiterroriste. « Globalement, nous sommes confiants. Il est vrai que nous traversons une situation difficile, nous comprenons et partageons les inquiétudes des populations, mais nous voulons les rassurer que le terrorisme sera vaincu », c’est en substance le message du ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants, Barthélémy Simporé, le 26 novembre 2021 devant l’Assemblée nationale. Avec son collègue de la sécurité, ils ont été interpelés par les élus du peuple sur la stratégie nationale du gouvernement face à l’hydre terroriste. Pour Barthélémy Simporé, la problématique du terrorisme au Burkina Faso réside principalement dans le fait que le pays doit repenser sa stratégie de défense et la réorganisation des troupes dans l’urgence tout en essuyant les assauts de l’ennemi.

Aux différentes questions de la Représentation nationale, les deux ministres ont apporté des éléments de réponse dans la mesure de ce qu’ils peuvent communiquer sans trahir des informations stratégiques.

Ils sont revenus et ont insisté sur l’approche holistique qu’il faille développer dans cette guerre asymétrique. « Le terrorisme est une question de société, il faut que les gens le sachent. Au Nigéria ils trainent ça depuis des années. On va trainer ça, on va s’enliser, il est nécessaire que nous comprenons cela. Il faut une réaction sociétale », a prévenu le ministre en charge de la défense nationale. Pour Barthélémy Simporé, les populations sont le centre de gravité de cette crise sécuritaire : les Groupes armés terroristes (GAT) ne peuvent pas prospérer si elles ne sont pas connectées aux populations, soit à travers la sympathie, soit à travers les menaces et la psychose ; les FDS ne peuvent pas agir efficacement si elles n’ont pas les populations derrière elles ; le gouvernement non plus ne peut pas être efficace s’il n’a pas la confiance des populations.

Une lutte sur plusieurs fronts

Le ministre Simporé a expliqué certains leviers que l’exécutif et la hiérarchie militaire comptent actionner pour inverser la tendance sur le terrain et réinstaurer la quiétude chez les populations. Ainsi, des actions concrètes seront bientôt entamées dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie de défense nationale. La lutte doit être menée aussi bien sur le terrain militaire, que sur celui social, judiciaire… Il s’agira par exemple de lutter contre les sources de financement, les moyens d’action, l’armement ou encore les discours haineux des GAT. Autant de chantiers qui nécessitent la coordination de toutes les forces de la nation. « Un peuple uni, c’est une armée invincible. Il faut développer la réflexion pour voir construire cette union sacrée autour de l’armée », a-t-il insisté.

Barthélémy Simporé a apporté des précisions sur certaines questions spécifiques telles que la prise en charge des ayants droit des FDS ou la gestion des volontaires pour la défense de la patrie. Sur le premier aspect il a regretté le poids des lourdeurs administratives pour une gestion diligente des dossiers, quant au deuxième point, le ministre a annoncé des réflexions visant à réviser le cadre d’emploi pour un meilleur emploi des VDP.

Le ministre de la sécurité, Maxime Koné, lui, s’est davantage appesanti sur le « changement de paradigme » induit par la politique de sécurité nationale. En ce sens, les actions visant à bloquer les sources de financement commencent à porter fruit en témoigne « l’action d’envergure » menée en lien avec l’ASCELC qui a permis de démanteler un réseau de trafic de carburant. « Autant nous sommes déterminés à lutter contre ce phénomène, autant ceux qui sont face à nous travaillent à contourner ces mesures et continuer leurs activités illégales », a-t-il rappelé tout en insistant sur les complicités dont bénéficient les GAT au sein des populations. « Il n’y a pas de mobile money, de boutique en brousse, tout se trouve en ville. Ceux qui nous attaquent avec les armes sont en brousse mais leurs complices sont en ville », a-t-il insisté pour mettre illustrer à quel point « tout le monde est impliqué ».

Bientôt 20 GARSI déployés dans des zones stratégiques

Il a présenté l’articulation entre forces de défense et celle de sécurité qui implique qu’après « l’action robuste » de l’armée,  les forces intérieures occupent le terrain pour empêcher les terroristes de revenir dans les zones libérées. Toutefois, il a relevé qu’il faut nécessairement le retour des services sociaux de base pour que les populations aient une vie normale afin que ces zones soient viables. Le ministre Koné s’est montré admiratif des Groupes d’action rapide de surveillance et d’intervention (GARSI) dont les récents succès sur le terrain les encourage à multiplier le nombre de ces unités avec l’ambition de déployer 20 GARSI dans des zones stratégiques.

Au terme des débats, le président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé s’est montré satisfait des réponses apportées. « L’Assemblée nationale n’est pas un tribunal pour dire qui a tort qui a raison. Elle est là juste pour interpeller le gouvernement, pour avoir un certain nombre d’éléments qui puissent tranquilliser les populations et permettre aux uns et aux autres pour ne pas tomber dans le fatalisme », a-t-il dit. Pour lui, les députés ont posé les préoccupations du peuple et l’exécutif à apporter des réponses à ces préoccupations. « Aujourd’hui l’Assemblée a joué son rôle, le gouvernement a parlé, hier le président de la République aussi a parlé, ce qui reste, c’est la mobilisation générale et populaire. Alors peuple burkinabè, la solution c’est que tout le monde se mette ensemble pour que nous puissions vaincre ce terrorisme. Cela est possible si chacun joue sa partition », a conclu Alassane Bala Sakandé.

Mamadou OUATTARA

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