Dans le cadre du projet Sauver la vie, la Communauté d’action pour la promotion de la santé sexuelle et reproductive au Burkina Faso (CAPSSR-BF), la Société des gynécologues et obstétriciens du Burkina (SOCOB) et l’Association burkinabé des sages-femmes et maïeuticiens (ABSF/M) ont co-organisé un atelier de formation sur les Droits en Santé sexuelle et reproductive (DSSR) au profit de 45 journalistes du 11 au 13 août 2021 au Centre Jean Paul II à Ouagadougou avec l’appui de l’ONG Pathfinder.
Pendant trois jours durant des participants venus des différentes régions ont été outillés sur les droits des femmes en matière de santé sexuelle et reproductive. L’atelier a connu la participation des journalistes, des agents de la santé et des juristes. La cérémonie d’ouverture a été présidée par la Présidente de l’association des sages-femmes du Burkina Faso Mariam Nonguierma. Plusieurs communications ont ponctué ces séances de formations à savoir l’état de l’avortement au Burkina Faso, la clarification des concepts face à un avortement, les textes régissant les conditions d’avortement au Burkina Faso, l’immersion du genre, la valorisation et le traitement de l’information en santé de la reproduction.
Mariam Nonguierma, au cours de ses présentations a fait savoir que 24 à 28% des décès maternels hospitaliers sont liés à l’avortement. Elle a souligné que la situation de l’avortement est inquiétante au Burkina au regard des chiffres ; 13 415 cas d’avortement en 10 ans dont 7 403 au CHU Yalgado Ouédraogo, 3 291 au CHU Souro Sanou, 1 455 dans les CHR et 1 344 dans les CMA. « Il faut que les communicateurs puissent s’impliquer afin de faire baisser la courbe de la mortalité liée aux avortements clandestins », a-t-elle laissé entendre.
Quant à Mme Sanou/Touré, magistrate, présidente de la Chambre à la Cour d’Appel de Ouagadougou à au cours de son exposé présenter les instruments juridiques relatifs aux conditions légales d’avortement dont le protocole de Maputo ratifié le19 mai 2005 par l’Assemblée nationale du Burkina Faso. Selon elle, l’article 14.2.c dudit protocole stipule que : « Les Etats s’engagent à prendre toutes les mesures appropriées pour protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l’avortement médicalisé en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou du fœtus ». Pour la magistrate, l’ignorance de cette loi est à la base de plusieurs avortements clandestins issus des grossesses non-désirées.
Boureima Sanga, Coordonnateur de l’Association des journalistes et communicateurs en Population et Développement (AJC/PD) a appelé les journalistes à humaniser l’information, c’est-à-dire accorder de l’importance aux récits, aux témoignages et susciter de l’émotion dans les écrits car selon lui, derrière un écrit se cache une fin. Aussi, il a invité les journalistes à être objectifs dans la narration des faits.
Les autres thématiques ont été abordées par Mamadou Franck Dao du CAPSSR-BF et Christiane Woaba de l’ONG Pathfinder. Après des phases présentations, des réponses aux questions, des exercices des participants, les organisateurs par la voix de Dr Eliane Kanyala de la SOGOB, a clôturé cet atelier de formation en exhortant les journalistes à être des relais afin de venir à bout du phénomène des avortements clandestins dans les villes et campagnes et réduire du même coup la mortalité maternelle.
En rappel, l’atelier s’inscrit dans le processus de la mise en œuvre du plan an1 du projet Sauver la Vie (PSLV). Les participants devront constituer 3 pools de task-forces pour contribuer aux activités de plaidoyer à travers les réalisations d’émissions radiophoniques en langues locales, des insertions d’écrits sur les Droits en Santé sexuelle et reproductive dans les journaux, des publications en ligne à travers les réseaux sociaux et la E-campagne de sensibilisation pour la domestication du protocole de Maputo.
Kiswendsida Myriam OUEDRAOGO