Procès Thomas Sankara : Basile Guissou à la barre

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Le Pr Basile Guissou a été successivement ministre de l’Information et de la Culture, ministre des Affaires extérieur et ministre de l’Environnement dans le gouvernement du Conseil national de la révolution (CNR). Il a comparu ce jour en tant que témoin.

Prenant la parole, après avoir bien-sûr juré de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, il déclare d’entrée, qu’il fait partie de ceux qui n’ont pas été surpris par les évènements du 15 octobre 1987.

Il renforce cette thèse par deux faits. La première, c’est que bien avant le mois d’octobre 1987, il serait allé voir Thomas Sankara le menaçant de démissionner du gouvernement s’il ne faisait rien pour baisser la tension qui existait. Parce qu’il suppose qu’il ne pouvait plus la supporter.

« Si toi tu as encore le choix, moi non ». Telle fut la réponse de Thomas Sankara aux injonctions de son ministre.

Le deuxième fait marquant, confie-t-il, date du 7 octobre 1987. Thomas Sankara serait passé chez lui à l’improviste autour de 22h et il en est reparti après minuit. On a parlé de tout. Évidemment, il dit être revenu sur l’atmosphère tendue. Il lui aurait fait la proposition d’aller voir à cœur ouvert Blaise Compaoré pour en finir.

« Il m’a regardé et m’a dit que c’était trop tard. Et s’est levé sur ces mots pour rejoindre sa voiture », détaille-t-il.

On m’a incarcéré et torturé cadeau

Après l’assassinat de Thomas Sankara, le Pr Basile Guissou, affirme avoir été traqué de jour comme de nuit.
Par la suite, répondant à une convocation de la gendarmerie, il sera incarcéré, frappé et torturé.

« J’ai été frappé, torturé, cadeau, pour parler comme les ivoiriens. Arrêté en décembre 1987, c’est en mars 1988 que j’ai été libéré » se souvient-il.

« Qui était le Commandant de la gendarmerie à l’époque », demande le président du Tribunal ?

« Jean Pierre Palm », répond-t-il. Il ajoute qu’il supervisait, les séances de tortures.

« Il venait, cigarette au bec, et il disait à ses éléments de frapper plus fort pour qu’on crie. Il est allé jusqu’à convoquer mon épouse qui venait d’accoucher à peine deux mois, soit disant que c’est elle qui mobilise les épouses des détenus pour parler à la presse », se remémore-t-il toujours.

La veuve de Firmin Diallo à la barre

Mme Diallo Thérèse est l’épouse de feu Firmin Diallo, arrêté et torturé au même moment que Basile Guissou, Salvi Charles Somé et le regretté Valère Somé.

Des propos de dame Diallo, on retient que son mari a été arrêté et torturé au conseil de l’Entente pendant des mois sous la supervision de Jean Pierre Palm, Commandant de la gendarmerie à l’époque.

« C’est le même Jean Pierre Palm qui m’appelle un jour, de venir chercher mon mari. Arrivée, il était méconnaissable. Ce qu’on pourrait qualifier de chemise était collée à son corps. Aujourd’hui quand ce même Jean Pierre affirme à la barre que tous ces gens-là n’ont pas été torturés, j’ai mal », se vide-t-elle.

Appelé à la barre, l’ex patron de la gendarmerie, Jean Pierre Palmnsort sa carte préférée. Il niera une fois encore, tout en bloc.

Timothée HIEN

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