Sept cents soldats des forces spéciales américaines conseillent l’armée somalienne dans leur lutte contre les djihadistes. La décision du retrait des troupes a été annoncée par le Pentagone ce vendredi soir. Elle devrait être effective début janvier, juste avant la fin du mandat du président américain.
« Les États-Unis ne se désengagent ni ne se retirent d’Afrique », précise le communiqué du Pentagone qui se veut rassurant et ajoute : « Nous restons engagés envers nos partenaires africains et leur apportons un soutien durable». Washington promet de conserver la capacité de mener des opérations contre le terrorisme. L’armée américaine va conserver ses bases au Kenya et à Djibouti, d’où partent les drones qui mènent des attaques en Somalie.
Selon le département de la Défense, une partie des 700 soldats américains actuellement déployés en Somalie sera affectée en dehors de l’Afrique de l’Est tandis qu’une autre stationnera à proximité.
L’armée somalienne sera néanmoins privée de la formation dispensée par les forces spéciales, la principale mission des forces américaines dans le pays. Elles sont également chargées de mener des opérations pour éliminer ou capturer des responsables shebabs.
L’annonce de ce retrait intervient quelques jours après la mort au combat sur place d’un officier de la CIA, membre d’une unité d’élite. Elle tombe d’ailleurs à un très mauvais moment pour la Somalie car le pays va connaître des élections sensibles ce mois-ci et en janvier, des troupes éthiopiennes ont été retirées du pays à cause du conflit au Tigré et la force africaine Amisom et ses 17 000 soldats est censée quitter le pays dans un an.
Cette annonce inquiète les experts qui craignent ainsi une recrudescence d’attaques terroristes dans le cadre de la campagne électorale. D’autant que la décision de l’administration Trump va à l’encontre des derniers rapports du ministère américain de la Défense.
Il y a quelques jours, un rapport de l’inspecteur général Sean O’Donnell décrivait que la menace en Afrique de l’Est n’était « pas affaiblie », que les shebabs avaient gardé leur liberté de mouvement et que l’armée somalienne n’était pas prête à prendre le relai seul. Sean O’Donnell avait même décrit les shebabs comme la plus importante menace contre les États-Unis en Afrique.
Si le gouvernement somalien n’a pas encore réagi, les critiques commencent à tomber. Beaucoup pensent que le vide laissé par les Américains ne va faire que renforcer le groupe terroriste. Le démocrate Jim Langevin parle même d’une « capitulation devant al-Qaïda ».
RFI