Conformément à l’article 109 de la Constitution, le Premier ministre, Christophe Marie Joseph Dabiré a exposé aux députés son Discours sur la situation de la Nation (DSN), ce 20 mai 2021, à l’Assemblée nationale.
Plusieurs sujets ont été abordés par le Premier ministre Christophe Marie Joseph Dabiré face au députés. Environ 1h d’horloge, il a fait le tour des questions liées à l’insécurité, l’économie, la santé, la réconciliation nationale…Dès l’entame, Christophe Marie Joseph Dabiré a parlé de la lutte contre le terrorisme. Il a surtout regretté l’escalade des attaques dans les régions de l’Est, du Nord et du Sahel. Reconnaissant qu’il y a des dysfonctionnements qui persistent dans le système de sécurité nationale, il a parlé de la nécessité de renforcer le maillage du territoire pour sécuriser les villes et campagnes. Cependant, il a exhorté l’ensemble des Burkinabè à se mobiliser pour lutter contre la radicalisation et l’extrémisme violent, combattre la stigmatisation et bannir le repli identitaire qui sont sources de conflits meurtriers.
Le chef du gouvernement a fait le point des actions entreprises pour lutter contre le terrorisme et renforcer la cohésion sociale. De ses actions, l’on peut retenir les réalisations d’infrastructures sociales, économiques et sécuritaires dans plusieurs zones touchées par l’hydre terroriste. Toutes ces actions, a précisé le chef du gouvernement, ont été réalisées grâce au Programme d’urgence pour le Sahel (PUS) et au Programme de développement des économies locales (PADEL) qui ont injecté respectivement environ 242 milliards F CFA et plus de 63 milliards F CFA dans les secteurs sociaux, économiques et surtout sécuritaires. « Notre conviction est que la lutte contre le terrorisme ne saurait être exclusivement militaire. Il nous faut certes gagner les combats au front pour stabiliser et sécuriser le territoire, mais il nous faut surtout gagner la bataille du développement économique et social dans ces zones, pour renforcer le ciment de notre vivre-ensemble », a dit le Premier ministre.
Parlant des déplacés internes évalués à environ 1,2 millions, le Premier ministre a assuré que son gouvernement met tout en œuvre pour qu’ils regagnent leurs localités d’origines. Pour y arriver, il a sollicité l’accompagnement de tous les acteurs tels les leaders d’opinion, les religieux, les coutumiers et toutes les autres personnes ressources de leurs communautés d’origine.
Concernant la situation sanitaire marquée par la Covid-19, le Premier ministre a rappelé le Plan de préparation et de riposte d’un coût d’environ 160 milliards de FCFA adopté par le gouvernement pour endiguer la transmission communautaire de la maladie et assurer la prise en charge hospitalière des cas graves. « Tout en m’inclinant sur la mémoire de ceux que nous n’avons pu sauver, je peux affirmer que le Burkina Faso a réussi à sauvegarder l’essentiel, lorsque l’on considère les indicateurs de l’évolution de la maladie ici et ailleurs », a-t-il lancé. Dans le secteur de l’éducation nationale, il s’est réjoui de l’organisation réussie des examens de l’année 2019-2020 malgré la fermeture de certains établissements dans les zones à défis sécuritaires. Cette performance est à l’actif de l’ensemble des acteurs de l’éducation qui se sont investis pour que nous puissions ensemble sauver l’année et rouvrir plus de 400 établissements dans les zones à défis sécuritaires, a indiqué le Premier ministre.
Se prononçant sur les manifestations des élèves qui rejettent en bloc les réformes annoncées dans le secteur de l’éducation, le chef du gouvernement a regretté tous ces actes de violences. « Je m’en voudrais de ne pas exprimer toute mon amertume devant les soubresauts que connait le monde scolaire depuis quelque temps. J’appelle solennellement tous les acteurs du système éducatif et particulièrement les élèves, à cesser les violences inacceptables dans les établissements d’enseignement et à reprendre les cours, afin de terminer l’année scolaire. Je les invite à savoir raison garder, dans la mesure où l’organisation prochaine des assises nationales sur l’éducation offrira l’occasion de penser l’école de demain », a-t-il soutenu.
Dans le domaine de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, le chef du gouvernement a cité la création et l’ouverture des centres universitaires régionaux comme acquis majeur à mettre à l’actif du programme du Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. En sus, il a informé les élus nationaux que son gouvernement poursuit le processus d’opérationnalisation de l’Ecole polytechnique de Ouagadougou qui permettra de rendre effectif le basculement vers les formations techniques et professionnelles dans l’enseignement supérieur. « Nous pouvons nous satisfaire d’avoir engagé l’opération ‘’un étudiant, un ordinateur’’, pour améliorer les conditions d’apprentissage et la qualité de la formation universitaire. Ainsi, en 2020, plus de 8 000 ordinateurs ont été mis à leur disposition », a ajouté le Premier ministre.
Pour ce qui est de l’économie, Christophe Marie Joseph Dabiré s’est réjoui du fait que malgré les différentes adversités, le taux de croissance économique annuel moyen soit de 6,2%, entre 2016 et 2019 même s’il a reconnu une baisse considérable de ce taux à 2,5% en 2020. Cette croissance, somme toute positive, doublée d’une maitrise de l’inflation autour de 1,4%, est une preuve de la bonne tenue de l’économie nationale dans un monde en pleine récession, foi du Premier ministre. Toujours sur le volet économie, il a confié que le secteur aurifère en pleine essor a contribué aux recettes du budget de l’Etat avec 168,5 milliards F CFA en 2015 soit 36,5 tonnes d’or à 322,3 milliards F CFA en 2020 soit 60 tonnes d’or. « Le progrès auquel nous aspirons tous est à portée de main, si nous savons nous unir autour de l’essentiel. L’atteinte de cet objectif ultime nécessite l’union sacrée des filles et fils du pays, aujourd’hui plus qu’hier, pour faire face aux différentes adversités », a affirmé Christophe Marie Joseph Dabiré.
Dans le domaine de l’énergie, il a expliqué que son gouvernement a pu porter la puissance électrique disponible du pays de 325 Mégawatts en 2015 à 800 Mégawatts en 2020 et faire passer le nombre de localités électrifiées de 552 à 1 511 sur la même période. En dépit de ces efforts, a indiqué M. Dabiré, les récents délestages viennent rappeler que l’offre énergétique reste insuffisante pour satisfaire une demande en croissance continue. Evoquant les réalisations pour le désenclavement intérieur et extérieur du pays, il a fait comprendre que malgré les arrêts de travaux occasionnés par la situation sécuritaire, le gouvernement a achevé 1028 Km de routes en travaux de bitumage, de renforcement ou d’entretien périodique.
Michel BADO