Plus de 300 numéros togolais apparaissent dans la liste des cibles potentielles du logiciel espion israélien, Pegasus, alors que le Togo est l’un des pays africains les plus proches de l’État hébreu. Les personnes ciblées sont notamment des militants, des journalistes ou des opposants politiques.
Côté politique, on retrouve parmi les numéros visés par le logiciel espion Pegasus ceux d’opposants au régime de Faure Gnassingbé. C’est le cas de Tikpi Atchadam, leader du Parti national panafricain, ou encore Agbéyomé Kodjo, candidat malheureux à la présidentielle de 2020 contre le chef de l’État. Tous deux vivent aujourd’hui en exil.
Des militants et journalistes sont également ciblés, comme David Ekoué Dosseh, fondateur de la plateforme citoyenne Togo Debout ou encore le journaliste d’investigation Carlos Ketohou.
Joint par RFI, le directeur du journal L’Alternative, Ferdinand Ayité – lui aussi potentiellement espionné –, ne se dit pas surpris : « Nous ne sommes pas naïfs, nous savons qu’au Togo, certaines personnes sont sous surveillance ». Toutefois, le journaliste reconnaît qu’avec Pegasus, les choses vont plus loin. Car le logiciel espion est capable d’aspirer l’ensemble des informations – messages, photos, contacts – contenues dans le téléphone infecté et d’activer son micro. C’est comme si « une autre personne prenait le contrôle de notre vie privée et professionnelle », observe Ferdinand Ayité.
Le président n’exclut pas l’espionnage de ses opposants
Si l’entreprise israélienne NSO qui édite et commercialise le logiciel Pegasus conteste ces révélations, les autorités togolaises, elles, ne nient pas. Interrogé par le journal Le Monde sur l’utilisation du logiciel Pegasus au Togo pour lutter contre le terrorisme, le président Faure Gnassingbé répond que « chaque État souverain s’organise pour faire face à ce qui le menace avec les moyens dont il dispose. »
Quant à l’espionnage de ses opposants, le chef de l’État répond qu’il ne peut pas le confirmer. Toutefois, note Le Monde, il ne l’exclut pas non plus.
Il faut dire aussi que le pays est particulièrement proche diplomatiquement d’Israël. « Le pouvoir entretient des relations privilégiées avec des réseaux israéliens animés par des anciens du Mossad, l’agence israélienne de renseignement extérieur », indique le journaliste Ferdinand Ayité.
RFI