France : Bernard Tapie, ex-ministre et homme d’affaires, est décédé à l’âge de 78 ans

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Homme d’affaires et politique, chanteur éphémère, Marseillais dans son cœur… Bernard Tapie est décédé ce 3 octobre à l’âge de 78 ans des suites d’un cancer.

 

Souffrant d’un cancer diagnostiqué il y a plusieurs années, Bernard Tapie est décédé ce dimanche. Jusque dans la lutte contre la maladie, l’extravagant homme d’affaires a mis « toutes ses tripes » dans ses projets.

Durant toute sa vie, l’homme à la mâchoire carrée qui laisse échapper une voix grave a défrayé la chronique avec son ascension fulgurante et ses déboires. « Flambeur », « phénix », « mystificateur », « héros », « ami », « menteur » … Les titres des biographies sur sa personne parlent d’eux-mêmes : Bernard Tapie était un homme aux multiples facettes, un bagarreur qui n’avait pas sa langue dans sa poche.

Fils d’ouvrier puis patron de PME et d’une aide-soignante, il est né le 26 janvier 1943 dans le 20e arrondissement de Paris. Une enfance dans un milieu modeste qui n’a rendu que plus qu’éclatante la « success story » Tapie, l’histoire d’un entrepreneur téméraire prêt à tout pour réussir.

C’est dans le secteur des affaires que l’ancien ministre de la Ville du gouvernement de Pierre Bérégovoy (1992-1993) fait d’abord fureur. Au départ vendeur de télévisions, à la fin des années 1960, il monte ensuite sa propre société avant de devenir le redresseur d’entreprises en faillite que l’on a connu. Terraillon, Look, La Vie Claire ou encore Adidas… La liste des entreprises qu’il a rachetées est longue. C’est toutefois le rachat de l’équipementier sportif qui fera couler plus d’encre : il représente son plus grand succès économique et le début de longs tourments judiciaires.

Quand Bernard Tapie souhaite une chose, il l’obtient. Et c’est ainsi qu’en quelques années, l’homme parti de rien, surnommé par certains le « Zorro de l’entreprise », a bâti autour de lui un empire composé d’une fortune conséquente, d’hôtel luxueux, de yacht et de villa paradisiaque.

Marseille et Tapie, une histoire d’amour 

Passionné de sport, le père de quatre enfants joue de sa fortune, qui s’élevait parmi les 20 plus grandes françaises dans les années 1990, pour s’y faire une place. D’abord dans le cyclisme, domaine dans lequel il monte une équipe autour de Bernard Hinault qui remportera son cinquième Tour de France.

Mais c’est surtout à Marseille que l’homme frappe un grand coup. En 1986, il rachète l’OM alors que le club traverse une mauvaise passe. Il rénove le Stade vélodrome, fait revenir les supporters sur les gradins et multiplie les achats de joueurs… Ainsi débute une grande période pour le club de la cité phocéenne, qui décroche en 1993, faisant ce jour-là de l’OM, devant un Bernard Tapie en pleurs et ovationné par ses joueurs, le seul club de France à remporter cette compétition. « Il faisait en sorte que tout le monde ait une ambition commune, celle d’être champion », raconte le footballeur Basile Boli dans un documentaire de L’Equipe.

La chute du « boss »

Mais toutes les histoires ont une fin, et celle de Tapie avec le football ne fut pas l’une des plus glorieuses. Car si certaines de ses manœuvres pouvaient être radicalement efficaces ou moralement discutables, d’autres étaient illégales. Il a ainsi passé plusieurs mois en prison pour une affaire de corruption et de subornation de témoin lors d’un match entre l’OM et Valenciennes. Il est également passé par la faillite financière et les dettes à outrance.

Les ennuis judiciaires auront poursuivi le « boss », comme l’appelaient les supporters de l’OM, jusqu’à sa mort. Depuis le lundi 10 mai, « l’Affaire du Crédit Lyonnais », dans laquelle Bernard Tapie est accusé « d’escroquerie » autour de la revente d’Adidas, est à nouveau devant les tribunaux.

Outre ses grandes sorties médiatiques, son style direct bien à lui et son impulsivité légendaire, Bernard Tapie donne l’impression d’avoir tout fait. La politique ? Il fut membre des Jeunesses communistes, député de Marseille, ministre et avait les bonnes grâces de nombreux ténors politiques, dont François Mitterrand et Nicolas Sarkozy. Il fut même pendant un temps propulsé comme l’un des principaux adversaires de l’extrême-droite après un débat houleux face à Jean-Marie Le Pen. La Musique ? « Nanard » a sorti un premier album dans les années 60 puis quelques morceaux en 1990, sans jamais connaître un franc succès. Le cinéma ? Il a interprété le rôle principal aux côtés de Fabrice Luchini dans Hommes, femmes : mode d’emploi, ainsi que le rôle du commissaire Valence dans la série du même nom.

« La mort c’est la consécration de la vie » 

Et dans les médias, il aura aussi laissé sa trace. Invité sensationnel des plateaux télés auxquels sa personnalité garantissait toujours une large audience ou encore animateur de l’émission Ambitions de TF1, il était bien connu, avec sa véhémence et la critique facile, pour mener la vie dure aux journalistes. Il détestait d’ailleurs ces derniers mais respectait la profession, racontait-il régulièrement.

En 2013, il rachète le groupe Hersant Médias, propriétaire de La Provence et d’autres journaux régionaux. Un retour tonitruant de l’homme d’affaires dans la cité phocéenne qui a fait craindre à certains son retour en politique à un an des élections municipales. Mais son retour serait « une cause de divorce », avait déclaré sa femme, et l’intéressé même réfutait toutes hypothèses de cette sorte. Le temps du Bernard Tapie, infatigable et inarrêtable, imaginée par certains comme présidentiable, était révolu.

Avec sa mort, c’est un mythe qui s’éteint et la fin d’une vie bien remplie. « L’idée de mourir, ça ne me fait pas chier du tout, la mort c’est la consécration de la vie pour moi. Et puis quand t’as battu le record de l’Atlantique, t’as gagné le tour de France, la Champions League, t’as été ministre, chanteur, tu ne peux pas te dire que t’as pas été pourri-gâté par la vie », confiait-il au Monde.

Source : RFI

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