Journée internationale de l’alphabétisation : réduire les fractures numériques pour atténuer les inégalités socio-économiques

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Depuis 1967, la Journée internationale de l’alphabétisation est célébrée chaque année à travers le monde pour rappeler au public l’importance de l’alphabétisation en tant que facteur de dignité et de droits humains et pour faire progresser l’agenda de l’alphabétisation pour une société plus instruite et durable. Malgré les progrès réalisés, les défis persistent, car au moins 773 millions d’adultes dans le monde n’ont pas aujourd’hui les compétences de base en alphabétisation. Cette année, la Journée internationale de l’alphabétisation 2021 sera célébrée sous le thème « L’alphabétisation pour une reprise axée sur l’humain : réduire la fracture numérique ». A cette occasion, nous vous proposons la déclaration du ministre burkinabè de l’éducation nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales, Pr. Stanislas Ouaro.

 

Mesdames et Messieurs,

Chères actrices,

Chers acteurs et partenaires de l’Éducation,

C’est un honneur et un plaisir pour moi de prendre la parole à l’occasion de la Journée internationale de l’Alphabétisation (JIA) pour commémorer cet évènement.

En rappel, la crise engendrée par la COVID-19 au cours de l’année 2020, a provoqué une perturbation sans précédent dans le processus d’apprentissage des enfants, des jeunes et des adultes. C’est à ce titre que la communauté internationale avait célébré en 2020, la Journée internationale de l’Alphabétisation (JIA) sous le thème : « L’Alphabétisation et son enseignement pendant et après la crise de la COVID-19 : rôle des éducateurs et évolution des pédagogies ».

La crise de la COVID-19, faut-il le rappeler, en plus de son sinistre bilan de 4 308 547 morts à travers le monde à la date du 8 août 2021, a également accentué les inégalités préexistantes en termes d’accès à des possibilités d’alphabétisation affectant ainsi de manière disproportionnée les 773 millions de jeunes et d’adultes non alphabétisés.

Bien que d’énormes efforts soient consentis tant au plan mondial qu’au plan national afin d’assurer la poursuite des apprentissages pendant cette période de crise, il faut admettre que l’accès aux possibilités d’alphabétisation et d’éducation n’a pas été réparti de manière égale. En effet, le passage rapide à la stratégie d’enseignement à distance souvent associé à un apprentissage en présentiel n’a pas toujours été possible pour tous les apprenants. Ceci met ainsi en lumière la fracture numérique persistante en termes de connectivité, d’infrastructure, d’accès à l’électricité et de capacité à utiliser la technologie requise pour assurer la continuité pédagogique.

Ainsi, les populations qui ne peuvent accéder à la radio, à la télévision, à l’Internet se sont vues exclues de toute une série d’informations et de services essentiels à leur développement et émancipation. C’est en réponse à cette préoccupation majeure que la célébration de la JIA de 2021 est placée sous le thème : « L’alphabétisation pour une reprise axée sur l’humain : réduire la fracture numérique ».

La « fracture numérique » est une expression apparue dans les années 1990 avec le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC). Aujourd’hui, elle a acquis plusieurs significations se référant aussi bien à l’accès matériel à ces technologies qu’aux inégalités sociales qui résultent des différents usages que l’on en fait.

Ainsi, on distingue plusieurs degrés de fracture numérique. Le premier degré se résume à une dimension matérielle qui se focalise sur l’inégalité entre les personnes disposant d’un accès aux technologies de l’information et de la communication (TIC) et celles exclues des contenus et services fournis par Internet.

Les autres degrés de fracture sont « des fractures dans la fracture » car elles se situent à l’intérieur des personnes disposant de possibilités d’accès aux TIC. En effet, parmi les utilisateurs des TIC, d’autres inégalités subsistent et sont liées aux modes d’usage, à la possibilité d’accès à une connexion Internet haut débit, à la capacité d’utiliser le matériel disponible de manière efficiente, à la capacité à se prémunir des risques liés à la recherche, à l’utilisation et au stockage de l’information, à la capacité de s’affranchir des TIC tout en les utilisant sans influence négative sur sa vie sociale et la qualité de ses activités professionnelles.

Mesdames et Messieurs,

Chères actrices,

Chers acteurs et partenaires de l’Éducation,

La réduction des fractures numériques est donc nécessaire et indispensable afin d’atténuer les inégalités socio-économiques et de promouvoir davantage l’équité et la justice sociale.

Le choix du thème « L’alphabétisation pour une reprise axée sur l’humain : réduire la fracture numérique » est une insistance sur le rôle essentiel de l’alphabétisation. Car, au-delà de son importance inhérente en tant qu’élément du droit à l’éducation, l’alphabétisation permet d’émanciper les individus et d’améliorer leur vie en leur procurant plus de capacités à choisir un type de vie qui peut leur convenir.

L’alphabétisation est un facteur du développement durable et fait partie intégrante de l’éducation et de l’apprentissage tout au long de la vie, fondé sur l’humanisme tel qu’il est défini par l’Objectif de développement durable 4, surtout dans un contexte de crise post COVID-19.

La Journée internationale de l’Alphabétisation 2021 examinera les façons dont l’alphabétisation peut contribuer à bâtir un fondement solide pour une reprise axée sur l’humain, en privilégiant les interactions entre l’alphabétisation et les compétences numériques dont ont besoin les jeunes et les adultes non alphabétisés.

Elle donne également l’occasion d’explorer les facteurs qui déterminent une alphabétisation fondée sur la technologie inclusive et utile, dans le souci de ne laisser personne de côté. Ce faisant, cette Journée sera l’occasion de réinventer l’avenir de l’enseignement et de l’apprentissage dans le domaine de l’alphabétisation, en contexte de pandémie et en situation d’urgence.

En ce sens, grâce au soutien de ses partenaires, le Gouvernement du Burkina Faso a déployé des solutions d’enseignement à distance au profit des apprenants des deux sous systèmes d’éducation. On peut retenir entre autres :

-la production de ressources pédagogiques numériques ;

-l’opérationnalisation d’une plateforme en ligne contenant les ressources pédagogiques numériques ;

-la diffusion de leçons au profit des apprenants par des radios dont la Radio Tin Tua de Fada N’Gourma ;

-le renforcement des capacités des acteurs pour l’animation de la plateforme et son enrichissement ;

-l’acquisition des clefs USB pour l’enregistrement des ressources numériques au profit des structures éducatives qui n’ont pas accès à l’Internet ;

-la formation des chargés d’alphabétisation et d’éducation non formelle sur les stratégies d’utilisation des TIC dans les projets/programmes avec l’appui de la Fondation Karanta ;

-la prise en compte des TIC dans les contenus d’alphabétisation ;

-l’expérimentation de l’alphabétisation par ordinateur ;

-la création et l’opérationnalisation de la Direction générale de la Radiotélévision éducative (DG/RTE) ;

-la poursuite des démarches en vue de l’acquisition effective de la télévision éducative ;

-l’élaboration et l’adoption d’une stratégie d’éducation en situation d’urgence (SN-ESU 2019-2024) ;

-l’élaboration et la validation d’une stratégie nationale de prise en charge en éducation et formation des enfants et adolescents en dehors de l’école au Burkina Faso ;

-l’élaboration et l’adoption d’une stratégie nationale de développement de l’Education non formelle.

Cet apport bien qu’insuffisant est un début de réponse et traduit toute la volonté de notre Gouvernement et de ses partenaires en termes de réponse à la crise de la COVID-19 et de réduction de la fracture numérique. Par conséquent, je saisi l’opportunité de la commémoration de la JIA pour reconnaître et saluer tous les efforts consentis en faveur de l’éducation en général et de l’alphabétisation en particulier.

Mesdames et Messieurs,

Chères actrices,

Chers acteurs et partenaires de l’Éducation,

Malgré le contexte difficile caractérisé par une crise sécuritaire et sanitaire, les acteurs de l’alphabétisation n’ont ménagé aucun effort pour conduire à terme la campagne d’alphabétisation.

En effet, la campagne 2020-2021 a enregistré l’inscription de 83 160 apprenant(e)s dans 2 772 centres ouverts par 360 opérateurs/trices financé(e)s par le Fonds national pour l’Alphabétisation et l’Education non formelle (FONAENF). A côté des centres mentionnés, il faut noter l’existence de nombreux autres centres ouverts sur fonds propre par des opérateurs dits émergents dont la session de bilan des activités en cours actuellement permettra de déterminer exactement le nombre.

C’est donc le lieu pour moi d’adresser mes vives félicitations à l’ensemble des acteurs et des partenaires dont le courage, l’ingéniosité et le travail ont permis de boucler la campagne avec un satisfécit. Sans être exhaustif, je citerai les animateurs, les superviseurs, les coordonnateurs, les acteurs tant du niveau central que déconcentré qui ont œuvré pour la mise en œuvre réussie des activités d’enseignement apprentissage et la continuité éducative.

Mesdames et Messieurs,

Chères actrices,

Chers acteurs et partenaires de l’Éducation,

Au thème principal retenu par la communauté internationale, s’ajoute au plan national, un thème secondaire : « Contribution des TIC à l’accélération de l’Alphabétisation et de la promotion des femmes et des filles ». Ce thème secondaire se justifie par le fait qu’en Afrique subsaharienne les femmes et les filles semblent les plus marginalisées en matière d’accès aux TIC.

Il s’agira en effet, à travers ledit thème de réfléchir à comment les TIC peuvent contribuer à la création d’opportunités en matière d’information et de savoir au profit des femmes et des filles pour leur plein épanouissement afin d’accroître leur pouvoir économique, politique et culturel ainsi que l’amélioration de leur qualité de vie.

Mesdames et Messieurs,

Chères actrices,

Chers acteurs et partenaires de l’Éducation,

L’utilisation des technologies de l’information et de la communication étant considérée de nos jours comme condition sine qua non d’une pleine intégration économique, sociale et culturelle, la célébration de la JIA 2021 offre aux acteurs de l’ENF l’occasion de réfléchir et de discuter sur des stratégies pour promouvoir des centres d’alphabétisation, espaces publics d’accès, d’initiation et d’accompagnement à ces outils. En d’autres termes, il s’agit d’identifier les meilleures stratégies permettant aux femmes et aux filles d’acquérir les compétences nécessaires pour profiter pleinement des TIC.

Je souhaite à toutes et à tous une bonne journée internationale de l’Alphabétisation.

Vive l’alphabétisation, gage du développement humain durable !

Vive le Burkina Faso !

Je vous remercie.

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