Sexe contre nourriture sur les sites des déplacés à Kongoussi : des témoins affirment avoir menti à la presse

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Suite à la publication d’articles de presse affirmant que des déplacées sont contraintes à des rapports sexuels contre de la nourriture, l’Action sociale du Bam a organisé une rencontre publique avec tous les acteurs, au cours de laquelle certaines personnes ont soutenu avoir donné des faux témoignages aux journalistes. La Direction provinciale de la Femme de la Solidarité nationale, de la Famille et de l’Action humanitaire du Bam a organisé une rencontre publique le vendredi 20 août 2021. L’objectif était de situer les responsabilités sur les révélations de journalistes qui font cas d’échanges sexuels avec des déplacées contre de la nourriture dans la localité.
Tous les travailleurs de la direction étaient présents autour de la directrice provinciale par intérim Mme Martine Bancé. Après avoir parcouru les publications, notamment celle de notre consœur en ligne, minute.bf. Le directeur régional Yacouba Ouédraogo a été catégorique : «il faut que les choses soient tirées au clair». Après avoir entendu ses collaborateurs du Bam qui se disent également étonnés des révélations contenues dans la publication, le Directeur régional et son staff ont entendu dans un premier temps Youssouf Bobodo Zango, PDI venue de la commune de Zimtanga.
Dans la publication du journal, celui-ci a dénoncé la mauvaise gestion de l’assistance humanitaire par l’Action sociale. Il a expliqué au journaliste qu’il n’a reçu que 35. 000 CFA depuis six mois.
Invité à expliquer ses déclarations devant le directeur régional, celui a changé de version. « Vraiment je vous demande pardon parce que je ne sais pas ce qui m’a pris le jour de l’interview. Sinon personnellement, j’ai reçu de nombreuses aides. J’ai reçu plusieurs transferts cash, et régulièrement je reçois des vivres en témoigne les 06 sacs du CONASUR reçus il y a quelques semaines. Même la béquille que j’utilise, c’est l’Action sociale qui me l’a offerte », se morfond-t-il.
A la question du Directeur régional de savoir pourquoi une interview est accordée dans l’enceinte de la Direction sans que les premiers responsables ne soient informés, il a laissé entendre que l’interview a été réalisée le jour de la marche de l’opposition contre l’insécurité parce qu’il avait été convié par le secrétaire général d’un parti politique de l’opposition au Bam.
Pourquoi vous n’avez pas dit la vérité au journaliste ? lui a interrogé le directeur régional. «Vraiment je vous présente mes excuses parce que je ne sais pas ce qui m’a pris ce jour-là», a-t-il continué de répéter. «Est-ce que vous savez que vous avez porté atteinte à l’honneur et à l’intégrité des travailleurs de la direction et partant de tout le département ministériel en charge de l’Action humanitaire ?», a demandé le Directeur régional.
«Je vous demande pardon parce que je reconnais que j’ai menti », rétorque t il. Pour conclure avec ce dernier, il a signé un engagement avec la direction provinciale pour reprendre son interview avec le même journaliste au même endroit pour dire qu’il avait menti sur l’institution par rapport aux informations qu’il avait fournies afin de rétablir la vérité. «Et c’est une obligation de le faire car ce qui se dit est aux antipodes des instructions reçues de madame la ministre en charge de l’Action humanitaire (Laurence Ilboudo) et contraires aux orientations qu’elle a données. Nous n’allons pas permettre que des aventuriers se jouent de nous sur des questions aussi sensibles que celle-là », a renchérit le Directeur Régional qui s’interroge sur ce qu’est devenue la morale de nos jours.
La deuxième audition du jour a concerné deux femmes (nous avons décidé de taire les noms au regard de la sensibilité du sujet). L’une est relais communautaire d’une ONG et l’autre une femme victime de proposition de sexe contre nourriture.
Toutes les deux ont reconnu qu’un individu nommé SD, ex relais communautaire de l’ONG HI se faisait passer pour un travailleur de l’Action sociale et recevait les femmes chez lui à domicile.
«Quand nous sortions pour les sensibilisations, SD se présentait chaque fois comme travailleur de l’Action sociale mais aussi comme travailleur d’autres organisations qui apportent de l’aide humanitaire aux PDI. Il était fréquent qu’il retienne les cartes nationales d’identité (CNIB) de certaines jeunes femmes et les invite de passer pour l’enrôlement à domicile. Avec certaines personnes, il réclamait de l’argent avant de les promettre un soutien. J’ai attiré son attention en vain et j’ai fini par informer à un collègue au service», a relaté la relais communautaire de HI.
Le Directeur régional a voulu savoir si les services de l’Action sociale ont été informés de cette pratique et la dame a répondu par la négative. «Pourquoi vous n’avez pas informé l’Action sociale lui a demandé le directeur régional ? Silence de la dame. «Vous savez que dans de telles situations, garder le silence relève d’une complicité», a précisé le directeur régional. Concernant la victime, elle dit être venue de Dablo comme PDI.
«Quand SD m’a rencontré, il m’a laissé entendre qu’il pouvait m’aider à avoir un transfert cash de 250 000 FCFA mais de passer à la maison le voir parce qu’il ne pouvait pas traiter ce type de dossier en public. Après il m’a demandé que comme mon mari n’est pas là, est ce que je ne pouvais pas profiter de temps en temps de la vie. Je lui ai répondu que je viens d’une famille des Nakomsé et que je ne dois pas jouer à ce jeu. Par la suite il a continué à m’appeler au téléphone et comme je ne m’intéressais pas à lui, il a fini par me coller la paix. Mais je n’ai rien bénéficié de sa part. Par contre, je connais des femmes qui ont eu de l’assistance grâce à lui» a-t-elle témoignée.
Quand le DR a voulu savoir si elle a informé l’Action sociale, elle a répondu non. «Pourquoi vous n’avez pas envoyé l’affaire à l’Action sociale» ?, a demandé le Directeur régional et à la dame de répondre : «Vous savez que nous les PDI, chacune veut bénéficier du maximum de soutien et souvent à l’insu des autres. Donc chaque femme qui est contactée par SD garde jalousement l’information très confidentielle. Certaines arrivent à avoir gain de cause et d’autres non. Mais personne n’en parle. Mais pour mon cas, j’ai informé à deux voisines PDI en son temps tout en précisant que le monsieur n’était pas du tout sérieux dans ses agissements». «Désormais, si vous aviez connaissance de tels agissements et que vous n’informez pas les services compétents comme l’Action sociale, la police, la gendarmerie, l’administration en générale, vous êtes complices par votre silence. Ecoutez ce qui se dit sur les innocents travailleurs sociaux qui travaillent pour votre bien-être. Actuellement, tout le monde les condamne et vous êtes incapables de restituer la vérité. Et c’est bien dommage », a répliqué le Directeur Régional.
Enfin, la délégation régionale de l’action sociale a écouté Monsieur Boris Bationo de HI. Celui-ci dit avoir eu vent de SD mais ne l’a pas connu parce qu’il est venu trouver qu’il était déjà parti. Seulement, il a précisé que son organisation ne distribue pas de vivres ni de cash. «HI intervient dans la prise en charge du stress et c’est dans ce cadre que SD, qui est PDI avait été pris parmi la communauté pour être un relais. Aussi, faut-il ajouter qu’il ne lui était pas interdit de travailler comme relais communautaire avec d’autres structures. Il était rémunéré sur la base des activités menées»; a expliqué M. Bationo.
Le directeur régional a remercié l’ensemble des participants à la rencontre pour avoir contribué à restituer la vérité.
«Nous avons eu l’occasion de rencontrer des personnes qui disent avoir été spoliées mais vous-même vous avez suivi avec nous que ces informations sont fausses. Vous avez aussi entendu comme nous qu’il y a des mains invisibles parce que l’interview a été commanditée car des noms ont été cités. Lorsque l’information a été donnée de cette façon, tout le monde était dans le doute et nous sommes venus donner une certaine précision afin que l’Etat continue sa marche dans l’accompagnement des PDI et que les personnels sociaux de la région sont animés d’une bonne volonté de le faire même si des insuffisances peuvent être constatées par moment», a relevé Yacouba Ouédraogo.
Il a invité à nouveau toutes les personnes qui bénéficient de l’accompagnement de l’Action sociale à dénoncer tout manquement auprès des services compétents que sont la police, la gendarmerie et l’Action sociale et les responsables administratifs. «Quand je vois les excitations de certaines personnes dites intellectuelles et pas des moindres qui ignorent la vérification d’une source d’information et qui font certains appels indécents, j’ai peur pour mon pays », s’est indigné le Directeur régional.
En rappel le nommé SD, serait déjà hors du Burkina Faso. Quand aux graves révélations ressorties, une enquête est déjà ouverte par la police judiciaire pour situer les responsabilités. Le 26 août 2021, le ministère de l’Action sociale a aussi annoncé l’ouverture d’une enquête
Source : AIB

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