Dans le cadre de la Journée mondiale contre Monsanto, Bayer et l’agrochimie, le Collectif citoyen pour l’agroécologie (CCAE) a organisé ce samedi 15 mai 2021, une conférence de presse pour dénoncer l’usage des OGM dans les projets de recherche au Burkina Faso.
Le Niébé Bt et les moustiques génétiquement modifiés. Voilà deux projets en cours au Burkina Faso que le Collectif citoyen pour l’agroécologie (CCAE) dénonce avec vigueur. Aujourd’hui, dans le cadre des activités marquant la Journée mondiale contre Monsanto, Bayer et l’agrochimie, le Collectif a rencontré la presse pour parler à nouveau de leurs inquiétudes vis-à-vis de ces expériences.
A propos de Target malaria, le porte-parole du CCAE, Ali Tapsoba estime que sous le prétexte de lutte contre le paludisme, le Burkina Faso est devenu un laboratoire à ciel ouvert où les populations sont des cobayes d’une expérience hasardeuse et suicidaire qui met en jeu une manipulation de moustiques génétiquement modifiés. « Target malaria bénéficie des financements de la Fondation Bill et Melinda Gates et de l’Open Philanthropy project fund et de la Defense advenced research projects agency (DARPA). DARPA est un organe de l’armée américaine. Ce qui laisse croire que Target malaria pourrait aboutir à la création d’une arme bactériologique à travers le bricolage des insectes », a affirmé Ali Tapsoba.
Il s’est indigné du fait que depuis le lâcher d’environ 6 400 moustiques mâles stériles génétiquement modifiés sans impulsion génétique de l’espèce Anopheles gambiae et environ 8 500 moustiques non modifiés le 1er juillet 2019 dans le village de Bana à quelques encablures de Bobo-Dioulasso, aucune étude d’impact des lâchers sur les populations locales des moustiques et les écosystèmes n’a été faite. Mais, à ce propos, le projet avait publié le 1er mars 2021 sur son site targetmalaria.org, un rapport détaillé après 7 mois de surveillance post-lâcher.
En dépit de ce rapport du Dr Abdoulaye Diabaté, chercheur principal de Target Malaria Burkina Faso et directeur du département d’entomologie médicale et de parasitologie de l’Institut national des sciences de la santé (IRSS)/Centre Muraz, Bobo-Dioulasso, le CCAE est strict : « Dans ce village où se déroule une expérience mortelle, on pulvérise les moustiques d’une décoction de champignon toxique et de gène d’araignée d’Australie et du scorpion du désert. Le champignon génétiquement modifié secrète une puissante neurotoxine qui sera fatale aux moustiques. Nous pensons que ce forçage génétique n’est pas règlementé, ni au niveau national, ni au niveau international. C’est une violation flagrante des droits humains », a martelé le porte-parole du Collectif. Par ailleurs, les membres du Collectif se sont posés la question de savoir pourquoi ne pas renforcer la recherche du vaccin en cours à Nanoro avec le Dr Tinto que de prendre assez de risques avec des produits OGM. Pour eux, cet entêtement prouve qu’il y a beaucoup de choses qu’on cache aux populations dans ce projet Target malaria.
Concernant le niébé Bt, les acteurs du Collectif se sont interrogés sur les risques liés à la production en continue de la toxine Bt par la plante sur la vie des sols et la biodiversité, les risques pour la santé humaine de consommer du niébé Bt, les risques de contamination locale, etc. Pour Ali Tapsoba et ses camarades, le terrorisme scientifique doit s’arrêter au Burkina Faso. « Nous refusons d’être des cobayes d’une science hasardeuse. Nous revendiquons un modèle agricole capable de nourrir l’humanité sans la détruire. L’agriculture est à généraliser, sans monoculture, transformation radicale des politiques agricoles. Nous exigeons un arrêt du projet Target malaria », a-t-il argué.
A la question de cerner les stratégies de lutte du Collectif, Ali Tapsoba a cité la mobilisation citoyenne, l’interpellation du gouvernement, une action en justice, le renforcement de la production agroécologique, la diffusion des savoirs locaux contre le paludisme et la préservation des semences paysannes.
Michel BADO