Me Farama livre ses premières impressions après une journée d’audition du général Gilbert Diendéré, au procès de Thomas Sankara et douze de ses compagnons, ce mardi 9 novembre 2021.
De prime abord il faut signaler que le général Diendéré a plaidé non coupable des chefs d’accusations qui lui sont reprochés.
Il s’agit de complicité d’assassinat, de recel de cadavre et de subordination de témoin dans le drame du 15 octobre 2021.
Pour sa défense le général Diendéré a relevé qu’à l’avènement du Conseil national de la révolution (CNR), il était dans une position difficile. « Je pourrais même dire que j’étais entre le marteau et l’enclume », ajoute-t-il.
Si bien que certaines informations ne lui parvenaient. « Des gens mal intentionnés voulaient créer des embrouilles entre Blaise Compaoré et moi et entre Thomas Sankara et moi. Les mêmes personnes allaient dire à Blaise Compaoré de faire attention à moi car j’étais de la même région que le président Thomas Sankara.
De l’autre côté, ils disaient à Thomas Sankara de faire attention à moi parce que je suis l’adjoint de Blaise Compaoré. Toute cette situation faisait que j’étais mis à l’écart de certaines décisions », a-t-il confié.
Au moment des tirs, il affirme être arrivé sur les lieux, les cadavres étaient déjà sur le sol et sans s’être rapproché, il a reconnu le corps du président Thomas Sankara. Et qu’il a pu identifier formellement les soldats Nabié Nsoni et Arzouma Ouédraogo dit Otis mais Yacinthe Kafando.
Des déclarations incohérentes selon Me Farama
Selon l’avocat de la partie civile, Prosper Farama, les déclarations du général Diendéré au cours de son audition sont incohérentes.
Parce que non seulement sa version des faits ne « tient pas la route » mais il y a des témoignages et des éléments concordants, qui montrent clairement les choses.
D’après Me Farama, même dans la déclaration de Blaise Compaoré, il dit clairement que des éléments de la garde du conseil de l’entente ont décidé de prendre les devants.
A l’en croire, ceci explique pourquoi l’ex chef de la sécurité du conseil est arrivé sur les lieux sans être inquiété. Parce que ce sont ces éléments qui ont pris les devants.
« Tout ceci nous permet de dire, sans risque de nous tromper, que le général Diendéré n’a peut-être pas appuyé sur la gâchette, mais il a été le superviseur direct de toute l’opération », a-t-il déduit
Les raisons qui consolident l’hypothèse de Me Farama
Premièrement, les hommes qui ont agi étaient sous son commandement, le lieu où les évènements se sont déroulés était sous sa responsabilité. Ensuite, poursuit l’avocat de la partie civile, après les évènements, pour conforter le régime, il a pris des dispositions pour renforcer les points stratégiques de Ouagadougou alors qu’il n’était ni le responsable de la région militaire ni le Chef d’état-major général des armées.
Ensuite il a procédé à l’arrestation et aux détentions d’opposants. Pire des témoins déclarent qu’il y a eu des gens qui ont été amenés au conseil de l’entente et qui n’ont plus jamais refait surface. Alors en quelle quantité il a fait tout cela ? s’interroge Me Farama.
« Du reste, nous avons hâte d’intervenir, nous sommes impatients de lui demander certaines choses », termine t-il.
Timothée HIEN