Diabète et Covid-19 : bien que vulnérables, certains diabétiques négligent la vaccination

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Le diabète comme toute maladie immunodéprimée a des impacts négatifs sur la vie des personnes atteintes. Ainsi, avec l’avènement de la pandémie à coronavirus, les diabétiques et les personnes âgées semblent les plus vulnérables. Comment vivent-ils avec cette maladie chronique ? Quel est l’impact de la covid-19 sur leur quotidien ? Reportage.

 

Georges Zanga, enseignant de profession, vit avec le diabète depuis 25 ans. A l’annonce de sa maladie, il a eu le soutien de son épouse et de sa famille. Pendant toutes ces années, l’enseignant a tenu tant bien que mal, en prenant ses médicaments et en suivant un régime strict.

En plus des médicaments, du contrôle de son régime alimentaire, il est amené à passer une série d’examens médicaux pour s’assurer que tout va bien. « Il faut de la discipline pour vivre avec le diabète », dit-il.

Avec le soutien de sa famille, Georges Zanga vit normalement. Tout allait bien jusqu’à ce qu’il soit atteint de la Covid-19. Contaminé par son épouse, technicienne biomédicale, elle aussi contaminée par un collègue du laboratoire, l’enseignant vit désormais la peur au ventre.

« Être diabétique et contracter la Covid-19 est une double souffrance. Avec le diabète, le système immunitaire est déjà très fragile », raconte M. Zanga les yeux quelques peu hagards. Très discipliné et rangé, il suit le traitement contre la covid-19 en respectant scrupuleusement les consignes des médecins, il finira par guérir de la maladie à coronavirus. « J’en ai beaucoup souffert. Dieu faisant les choses, je m’en suis sorti », affirme-t-il fièrement.

Marie Irène Zida connait les risques qu’elle encourent sans le vaccin contre la covid-19 mais tarde à se faire vacciner.

Il fait partie des personnes ayant une comorbidité et encourt de ce fait, un risque plus accru de faire une forme grave de la Covid-19 comme l’explique Dr. Marie-Madeleine Rouamba, médecin interniste au CHU de Bogodogo et présidente de l’association Ambassadeur des couches défavorisées du Burkina A.C.D.B/TIIMBO.

« Les diabétiques sont plus prompts à développer la Covid-19. Ces malades sont un terrain immunodéprimé à l’instar des personnes souffrant d’autres maladies comme le cancer, la malnutrition et l’hypertension artérielle. Le diabète est une maladie immunodéprimée, c’est-à-dire que ça affaiblie votre système immunitaire et il vous prédispose à des formes graves de petites maladies qui auraient pu passer inaperçues chez les personnes immunocompétentes », a-t-elle indiquée.

Tout comme Georges Zanga, Marie Irène Zida est diabétique. Depuis plus de 10 ans, elle « serre la ceinture » au quotidien pour vivre normalement. Elle avoue que vivre avec le diabète n’est pas chose aisée car, cela nécessite beaucoup d’efforts sur le plan économique, nutritionnel, et social. « Souvent on t’invite à un évènement social et quand tu y vas et que tu ne manges pas leur nourriture, ils te regardent autrement. Ils pensent que tu as des folies de grandeurs », confesse dame Zida. Contrairement à l’enseignant, elle a n’a pas été testée positive, pour le moment, à la maladie à coronavirus, chose qu’elle affirme avec joie au regard de son état de vulnérabilité.

Le vaccin, une nécessité

Outre Georges Zanga et Irène Zida, Djouma Minoungou et Salif Séré tous deux sont diabétiques depuis quelques années déjà. Ils affirment vivre avec leur maladie normalement à travers un suivi et contrôle alimentaire et médical au quotidien. Pour eux, le plus dur ce n’est pas la maladie, mais c’est vivre avec comme une personne « saine ». « J’ai découvert que j’avais le diabète, il y a 9 ans. Ma mère était aussi diabétique. Elle a vraiment souffert, parce que l’accès au traitement était difficile. Grâce aux médecins, nous avons plus facilement accès aux médicaments de nos jours. Cependant, je ne peux pas faire d’économie, parce que chaque fois, il faut acheter des médicaments. Si je devais estimer les dépenses liées à ma maladie, chaque mois, je n’aurai pas le courage de me soigner, parce que c’est couteux. Je prie Dieu seulement que quand mes médicaments finissent, que je puisse avoir l’argent pour m’en procurer. Je fais attention à mon alimentation », soutient Salif Seré.

Une fois guéri du Covid-19, Georges Zanga n’a pas hésité à se faire vacciner. « Après ma guérison, j’ai jugé bon de faire le vaccin le 3 août dernier.  La deuxième dose a été faite le 3 septembre. Je suis conscient que la Covid-19 a un impact lorsque vous êtes en situation de comorbidité », confie-t-il.

Salif Séré dit ignorer qu’un vaccin doit être administré aux personnes diabétiques.

Si Georges Zanga n’a pas hésité à se faire vacciner, il n’en ait pas de même pour la plupart des diabétiques de l’association Ambassade des couches défavorisées. Salif Séré, Djouma Minoungou, Irène Zida sont conscients de leur état de vulnérabilité face à la Covid-19. Pourtant, ils ne se sont pas encore résolus à passer le cap de la vaccination. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir des informations sur les risques qu’ils encourent. A l’association, Dr Rouamba avoue conseiller la vaccination à ses patients. « Quand on sait que les diabétiques sont plus prompts à développer la Covid-19, on les invite au respect des mesures barrières. On insiste sur ce point auprès des malades car c’est un terrain immunodéprimé. En plus du respect des gestes barrières, le vaccin est conseillé pour ces personnes vulnérables afin de se protéger. Les patients appellent pour s’informer et c’est déjà encourageant », a-t-elle affirmée.

Selon Dr. Marie-Madeleine Rouamba, les diabétiques sont prompts à développer des formes graves de Covid-19.

Les malades rencontrés à l’association se disent prêts à se faire vacciner, si cela leur était « proposé ». Cependant, ils affirment ne pas être « à mesure » d’aller se faire vacciner. Faute de moyens ou ignorance ? Chacun se défend.  C’est le cas de Salif Seré qui affirme ne pas être au courant de la disponibilité du vaccin, pourtant membre de l’A.C. D/B/TIIMBO. Faut-il donc que les médecins s’occupant de patients diabétiques aient à leur disposition des doses de vaccin ? Une réponse positive à cette interrogation serait une manière de s’appesantir sur la question de la logistique qui, n’est certainement pas en faveur de cette solution. Il faudrait plus « miser » sur la sensibilisation et les conseils à l’endroit de ces personnes, particulièrement vulnérables, et cela, l’association de Dr Rouamba en fait son cheval de bataille.

L’A.C. D B au service du bien-être

Crée en avril 2012, l’A.C.D. B/TIIMBO contribue au bien-être physique et socio-économique des couches défavorisées du Burkina Faso. En sus, l’association intervient dans la promotion de la lutte contre le diabète et l’hypertension au sein des couches vulnérables que sont les femmes, les personnes âgées et les travailleurs du secteur informel. De façon spécifique, l’association organise annuellement 3 séances de dépistage du diabète et de l’hypertension artérielle sur une population de 1500 personnes.

Aux dires de Dr. Rouamba, l’A.C.D. B est une maison ouverte aux malades diabétiques et à leurs accompagnants. Ses portes sont également ouvertes à tous ceux qui veulent se faire dépister et contrôler leur glycémie au quotidien. « Avec son ouverture récente, on ne reçoit qu’une à deux personnes par jours. C’est généralement les samedis qu’on peut avoir cinq à sept patients parce qu’il y a certains malades qui me sollicitaient ce jour et qui sont habitués à ce samedi et qui viennent.  Quand ils se présentent ils ne bénéficient pas d’une prise en charge gratuite parce que nous fonctionnons sur fonds propres. C’est le dépistage seulement qui est gratuit. Les contrôles sont payants », précise la présidente de l’ACDB.

Dr. Rouamba dit être à la recherche de partenaires afin de réduire les coûts pour le plus grand bonheur des patients.

Clotilde BICABA

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