Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a annoncé la tenue de son 8e congrès ordinaire les 4 et 5 décembre 2021 à Ouagadougou, occasion pour le 1er vice-président du parti, Achille Tapsoba, de commenter la crise qui couve au sein de l’ancien parti au pouvoir.
« A chaque fois que le CDP organise un congrès, le contexte devient un contexte de crise ». C’est l’aveu fait par le 1er vice-président du parti chef de file de l’opposition politique, Achille Tapsoba à la suite de l’annonce du 8e congrès ordinaire du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) prévu pour les 4 et 5 décembre prochains.
Mais la situation est tout à fait « normale », selon lui, dans la mesure où le congrès est l’instance suprême où les organes de direction du parti sont remis en place, et les responsabilités renouvelées.
Le 1er vice-président du CDP, par ailleurs, président du Comité national d’organisation du Congrès annoncé, a longuement échangé avec les journalistes ce 25 octobre 2021, après que le président du parti, Eddie Komboïgo, a installé le comité d’organisation dudit congrès.
Les échanges ont porté essentiellement sur la situation qui prévaut au sein du parti, en lien avec la suspension de trois militants membres du secrétariat national à la jeunesse du parti, en l’occurrence Adama Tiendrébéogo dit Colonel, Ghislain Konseiga et Abdoul-Karim Bagagnan dit Lota.
Il s’agit de cas d’indiscipline dont le bureau exécutif national a rendu compte au bureau politique national, lequel a décidé, à la majorité absolue de prononcer la suspension de ces militants pour 6 mois, a rappelé Achille Tapsoba. Seulement, une lettre signée du président d’honneur, l’ancien président Blaise Compaoré, demandant de rapporter les sanctions a été produite séance tenante.
« Considérant les canaux par lesquels la correspondance est arrivée sur la table du bureau politique national, nous sommes en droit de douter de son authenticité. Le bureau politique national a donc décidé d’établir d’abord l’authenticité de la correspondance avant de la considérer. Sinon, n’importe qui pourrait écrire n’importe quoi, scanner la signature (du président d’honneur) et demander d’en tenir compte », a-t-il expliqué.
« Nous sommes une direction politique responsable et nous gérons le parti de façon responsable », a souligné le premier vice-président du CDP.
« C’est dur d’être dans l’opposition… »
Répondant aux questions des journalistes sur les démissions enregistrées par le parti, Achille Tapsoba a relevé que le CDP ne se limite pas à ceux qui ont démissionné, ni à ceux qui ont été sanctionnés. Le parti enregistre aussi des adhésions, a-t-il confié. « Le CDP est dans tous les villages, toutes les communes et dans tous les secteurs du Burkina Faso », a-t-il indiqué.
Pour lui, « tout être humain a tendance à aller là où c’est bon et à trainer les pieds là où ce n’est pas bon ».
« C’est dur d’être dans l’opposition. Pendant une année on peut supporter, pendant trois ans on peut supporter, pendant cinq ans c’est encore supportable mais au bout de dix ans ça devient difficile, très difficile… », a confié le vice-président de l’ancien parti au pouvoir.
Blaise Compaoré, dont le nom ressort à toute crise, n’est-il pas un boulet au pied du CDP ? A cette autre question de la presse, Achille Tapsoba a répondu par la négative. A l’entendre, le président d’honneur est dans son rôle de réagir en cas de difficultés majeures au sein du parti. « Nous également du bureau politique national, nous sommes dans notre rôle de décider de toute question qui concerne la vie du parti, y compris les questions relatives au fonctionnement des structures mais également les questions relatives à la discipline », a-t-il souligné.
Par conséquent, le fait de maintenir les sanctions malgré la correspondance du président d’honneur n’est pas un désaveu du président d’honneur par le bureau politique national et il n’y a pas de crise de confiance entre Eddie Komboïgo et Blaise Compaoré selon son analyse.
Réagissant à propos du procès Thomas Sankara, Achille Tapsoba a indiqué que le CDP reste un parti républicain, même s’il émet des réserves vis-à-vis de l’institution judiciaire.
« Nous-mêmes lorsque nous étions au pouvoir, la justice avait des insuffisances. Mais nous réagissons parce que ceux qui nous ont renversé ont dit qu’ils feront mieux que nous », a-t-il affirmé.
Mamadou OUATTARA