Sans condamner explicitement le coup d’État militaire du 24 janvier, les 15 membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont approuvé mercredi une déclaration commune exprimant leur préoccupation face à la situation au Burkina Faso. Le texte rédigé par le Ghana réclame aussi la libération du président renversé Roch Marc Christian Kaboré.
Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est déclaré mercredi 9 février « gravement préoccupé par le changement inconstitutionnel du gouvernement au Burkina Faso le 24 janvier », dans une déclaration adoptée à l’unanimité qui n’utilise pas les termes de coup d’État militaire et n’exprime pas de condamnation.
Dans ce texte approuvé après de difficiles négociations, notamment avec la Russie, selon des diplomates, les 15 membres du Conseil de sécurité disent « prendre note » de la suspension du Burkina Faso de l’Union africaine et de la CEDEAO « jusqu’au rétablissement rapide et effectif de l’ordre constitutionnel par les autorités militaires ».
Une précédente version de la déclaration, obtenue par l’AFP, réclamait à la junte « de faciliter le retour rapide à l’ordre constitutionnel », mais cette requête a été écartée du texte par Moscou lors des négociations, selon une source diplomatique requérant l’anonymat.
Soutien aux efforts de médiation
Dans la déclaration adoptée, le Conseil se dit « préoccupé par l’impact négatif des changements anticonstitutionnels de gouvernement dans la région », en allusion aux coups d’État militaires survenus au Mali et en Guinée. Il fait également part de son inquiétude face à « l’augmentation des activités terroristes et la situation socio-économique désastreuse » pour cette même région.
Les membres du Conseil expriment aussi « leur soutien aux efforts de médiation régionaux » pour résoudre la crise au Burkina Faso. Une mission conjointe de représentants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et du bureau de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest a été organisée récemment dans le pays.
La déclaration du Conseil « demande la libération et la protection du président Roch Marc Christian Kaboré et d’autres responsables gouvernementaux » arrêtés ou mis en résidence surveillée lors du coup d’État militaire.
Rédigé par le Ghana, membre non permanent du Conseil de sécurité et président en exercice de la CEDEAO, le texte fait suite à une réunion mardi à huis clos du Conseil de sécurité sur le Burkina Faso, demandée par les trois membres africains de l’instance (Ghana, Kenya, Gabon).
Alors que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait très rapidement condamné en janvier en des termes forts le coup d’État, le Conseil de sécurité avait choisi d’attendre les décisions de l’UA et de la CEDEAO avant d’adopter une position.
Avec AFP